Asmaa Karboub : « Les ports marocains, des plateformes incontournables pour l’Afrique »

Asmaa KarkoubMD

Yassine chraibi

Dans le cadre du Forum MD Sahara, le panel intitulé « Façade atlantique : Pilier de sécurité, de coopération et de développement pour un avenir partagé en Afrique » a été présenté. Le Royaume s’engage dans une dynamique de croissance portuaire visant une meilleure intégration régionale et continentale. Les ports marocains, représentant un levier de croissance continentale, s’alignent pleinement sur la Vision Royale de faire du Maroc un hub africain et une locomotive continentale, grâce à son positionnement stratégique sur l’échiquier mondial et dans les chaînes de valeur internationales.

Mme Asmaa Karboub, Directrice stratégie et développement chez Agence Nationale des Ports, souligne que les infrastructures portuaires constituent un enjeu national et continental. Les ports sont vivement sollicités pour répondre à ces attentes et s’inscrire dans cette Vision Royale pour le Maroc et pour l’Afrique dans son ensemble.

L’offre portuaire marocaine est riche d’un patrimoine de plus d’une quarantaine de ports, dont 14 sont ouverts au commerce extérieur. Avec une capacité potentielle de 300 millions de tonnes par an, la stratégie portuaire nationale vise l’horizon 2030 et ambitionne de positionner les ports marocains comme des plateformes incontournables dans les chaînes logistiques méditerranéennes et ouest-africaines.

Mme Karboub rapporte que, pour la première fois en 2023, les ports marocains ont traité plus de 209 millions de tonnes de marchandises, dont environ la moitié est attribuable au trafic d’import-export. Sur ces 103 millions de tonnes, 80 % transitent par la façade atlantique du Royaume, principalement via les ports de Casablanca, Jorf Lasfar, le nouveau port de Safi Atlantique et le port d’Agadir.

Lire aussi : MOUNIA BOUCETTA : « L’ALLIANCE ATLANTIQUE RENFORCE L’ATTRACTIVITÉ DES INVESTISSEMENTS ÉTRANGERS »

Cette stratégie a défini plusieurs projets stratégiques et, grâce aux efforts conjoints de tous les acteurs portuaires, des ministères concernés, des autorités portuaires, des administrations et du secteur privé, la performance et la connectivité des ports marocains se sont améliorées. Par exemple, le port de Casablanca est relié par des lignes régulières à une centaine de ports dans 40 pays, dont une dizaine en Afrique de l’Ouest, tandis que le port Tanger Med est connecté à 66 pays, dont une vingtaine en Afrique.

À l’échelle de l’Afrique, au cours des deux dernières décennies, plusieurs ports africains ont vu leur performance et leur productivité s’améliorer, notamment grâce aux investissements portuaires, à l’amélioration de la gouvernance et à l’arrivée de leaders mondiaux dans la manutention portuaire.

Cependant, ces efforts demeurent limités et insuffisants face à la sous-capacité de nombreux ports en Afrique, aux problèmes de connectivité terrestre et maritime, aux infrastructures routières parfois inadaptées, ainsi qu’aux difficultés de préacheminement et de post-acheminement. En outre, les procédures douanières et administratives entravent le commerce extérieur des pays africains.

Pour concrétiser cette Vision Royale d’intégration régionale et de croissance de l’Afrique, Mme Karboub a conclu son intervention en soulignant la nécessité d’activer cinq leviers : améliorer la connectivité maritime et terrestre des ports africains, investir dans les ports et les infrastructures ferroviaires, routières et de multimodalité, développer des zones logistiques pour fluidifier les chaînes logistiques et massifier les flux, favoriser le commerce intra-africain, harmoniser les procédures douanières et administratives, et enfin, miser sur le capital humain avec la formation dans les métiers de la logistique et de la gestion portuaire.

En complément de la formation diplômante, le Maroc offre également un institut de formation portuaire aux pays africains, qui a permis, grâce à plusieurs accords bilatéraux avec une dizaine de ports, de former des centaines de cadres en Afrique. Ces leviers sont essentiels pour accompagner les pays africains dans leur positionnement sur l’échiquier mondial et dans les chaînes de valeur internationales.