Législatives en Afrique du Sud: un gouvernement de coalition risque de mettre en péril les réformes économiques

Les futures alliances entre les partis politiques en Afrique du Sud pour former un gouvernement de coalition, après l’échec du Congrès national africain (ANC) à conserver sa majorité absolue lors des élections législatives de mercredi dernier, risquent de mettre en péril les réformes nécessaires pour sortir le pays du marasme économique, ont indiqué dimanche des fédérations d’entreprises.

L’ANC, parti au pouvoir depuis trente ans, a subi cette semaine un revers historique en perdant, pour la première fois, sa majorité à l’Assemblée nationale. Affaibli lors de ce scrutin très disputé, le parti de Nelson Mandela doit désormais nouer des alliances avec d’autres partis politiques pour former un gouvernement.

Selon Martin Kingston, président du comité directeur de la Fédération d’entreprises Business for South Africa (B4SA), une alliance de l’ANC avec les partis populistes pourrait profondément affecter la confiance des entreprises.

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« Le monde des affaires sud-africain a été secoué par le résultat choc des élections dans le pays, qui pourrait voir son partenariat avec le gouvernement s’effondrer et une vague populiste balayer les programmes visant à remédier aux problèmes structurels qui plombent le pays, des pénuries d’électricité aux ports encombrés », a-t-il dit.

Il a également mis en garde qu’une alliance avec le parti d’extrême gauche, les Combattants pour la liberté économique (EFF) ou le parti uMkhonto weSizwe (MK), créé récemment par l’ancien Président Jacob Zuma, provoquerait « un tsunami dans l’environnement des affaires ».

Pour sa part, Khulekani Mathe, directeur de la Fédération Business Unity South Africa (BUSA), a estimé que l’effondrement des infrastructures et la faillite des entreprises publiques sont dus à « une approche qui a diabolisé le secteur privé et ne l’a pas considéré comme un partenaire du développement ».

« Nous avons besoin d’un gouvernement qui adopte des politiques qui reconnaissent le rôle du secteur privé », a-t-il martelé, appelant l’ANC à prendre en considération les besoins de développement des entreprises lors des négociations avec les autres partis politiques.

Moody’s Investors Service a averti, récemment, que la formation d’un gouvernement de coalition en Afrique du Sud, au lendemain des élections générales du 29 mai, pourrait entraver les réformes économiques et les progrès pour résoudre les défis de longue date que connait le pays.

Moody’s s’attend à une modeste croissance du produit intérieur brut (PIB) sud-africain en 2024 à 1,3 %, contre 0,6 % en 2023, toujours bien en dessous de la moyenne des marchés émergents.

De son côté, le Fonds monétaire international (FMI) a revu à la baisse, dans un nouveau rapport, les prévisions de croissance du PIB du pays pour 2024 à 0,9 %, au lieu de 1,8 % annoncée en octobre dernier.