Le gouvernement Akhannouch sous la menace d’une motion de censure

Soufiane Guellaf

Portée par une détermination quasi-téméraire, les partis de l’opposition annoncent leurs intentions de déposer une motion de censure contre le gouvernement dirigé par Aziz Akhannouch. Cette initiative, si elle réussissait, marquerait un tournant sans précédent dans l’histoire politique du Maroc.

Les partis d’opposition signalent qu’une motion de censure contre le gouvernement actuel sera bientôt déposée au parlement. Bien que cette démarche semble être le résultat d’une stratégie politique bien pensée, elle évoque les vicissitudes d’une tragédie shakespearienne où s’entremêlent pouvoir, protestation et quête de changement.

Cependant, aux yeux de tous, y compris de certains élus de l’opposition, cette tentation est vouée à l’échec. En effet, même si les partis d’opposition parviennent à recueillir les 80 signatures requises pour une motion de censure, cette mesure ne fera que déclencher un débat mouvementé entre les membres élus du Parlement, qui se traduira sans aucun doute par un échange critique.

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Dans ce contexte, les différentes composantes de l’opposition tiennent actuellement des consultations intensives en vue du dépôt d’une motion de censure à la Chambre des représentants.

Une telle initiative revêt une importance quasi-historique dans le contexte politique marocain. La motion de censure, qui est un mécanisme parlementaire de surveillance de l’action du gouvernement, est considérée comme un outil juridique capable de faire chuter le gouvernement. Néanmoins, l’expérience nous enseigne que le succès d’une telle entreprise est loin d’être gagné.

Dans l’histoire du Maroc, il y a eu deux motions, l’une du temps du gouvernement Bahnini en 1963 et le gouvernement Lamrani en 1990. Mais, l’opposition ittihadie à l’époque n’avait pas réussi à réunir la majorité de 51%, sans faire ainsi renverser les gouvernements concernés, car les dispositions juridiques requises par la constitution pour une telle mesure n’étaient pas réunies.

Malgré les difficultés, la démarche de l’opposition semble être un baromètre de la démocratisation et de la maturité politique au Maroc. Que cette initiative réussisse ou non, un tel mouvement met en lumière les dynamiques de pouvoir, les aspirations au changement et les tensions sous-jacentes au sein de l’échiquier politique marocain.

En presque deux ans et demi, l’opposition est restée incapable de mener un discours politique cohérent, fort et durable, notamment à cause de l’hétérogénéité qui affecte les groupes politiques ainsi que les positions et idéologies qui restent malgré tout divergentes.

Selon les médias, il s’agit d’un appel et d’un cri institutionnalisé qui utilise les pouvoirs constitutionnels de l’opposition pour instaurer un moment de responsabilité et une chance de réévaluation. Il s’agit d’une initiative prise face à la majorité au pouvoir, en vue de rendre des comptes et de susciter la prise de conscience nécessaire au maintien de l’équilibre démocratique.