Ayda Benyahia
Le Maroc, à l’avant-garde de la modernité qui se veut à travers son peuple, une société moderne certes, mais fortement imprégnée des normes religieuses lors de la gestion de son quotidien, continue de voir le débat sur l’égalité entre les genres persécuter. Dans le sens de son évolution sociale, bien des questions cristallisent, et celle de l’égalité en matière d’héritage, fait débat en moment, car, selon une étude, 69% des Marocains continuent de réfuter l’idée d’une l’égalité en la matière.
Relancée par le Souverain il y a quelques mois, la réforme de la Moudawana, n’en finit pas de cristalliser les débats autour de l’héritage, de la liberté des femmes, ainsi que la parité. De ce fait, l’égalité en matière d’héritage adoptée par les uns, mais souvent rétorquée par les autres, ne cesse de faire couler de l’encre. Inspirée par les échos de ce vif débat, une étude réalisée par le cabinet « Sunérigia » démontre que 69% des marocains continuent de réfuter l’idée.
Inspirées du rite malékite, les lois qui régissent l’héritage en soi, en tant que mode de transmission de données sont codifiées dans le cadre du droit successoral qui précise les parts qui reviennent aux héritiers. L’héritage des hommes sera le double de celui des femmes, ainsi cette règle de la demi-part suscite encore des débats.
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Dans la situation précise où un père décède, laissant des filles et des garçons, ces derniers héritent d’une part double à celle des filles. Cette règle dite de la demi-part suscite des débats, notamment depuis la réforme du code de la famille en 2003.
Un débat à caractère vif où tout le monde met la main à la pâte, militants des droits humains, oulémas, associations féministes, prêcheurs, associations islamistes, influenceurs du monde virtuel, y prennent part essayant tant bien que mal d’éviter une éventuelle confrontation sur un sujet qu’ils considèrent tous comme épineux.
Ainsi de manière globale, les protagonistes sont répartis en trois catégories : une première partie qui rejette tout débat concernant cette règle en se basant sur le référentiel religieux, mais aussi en soulignant que cette règle de demi-part ne représente qu’un cas exceptionnel parmi d’autres règles du droit successoral qui accordent aux femmes les mêmes parts qu’aux hommes.
La seconde partie revendique l’égalité de l’héritage entre les sexes en se basant uniquement sur un référentiel séculier, appelant ainsi par la même occasion à la conformité entre les lois marocaines et les principes universelles des droits humains consacrant l’égalité homme-femme.
La troisième partie quant à elle, mobilise un référentiel mixant le religieux au séculier pour revendiquer l’égalité en matière d’héritage, ce seront ces intellectuels islamiques et laïque qui mèneront des réflexions sur les textes sacrés, sur leur contexte de révélation, mais surtout sur les finalités et l’intention du législateur qui les a posés en l’occurrence « Allah ». Ils évoqueront ainsi le contexte socioéconomique moderne en tentant de montrer que l’éventuel changement du référentiel islamique demeure possible.
Face à ce débat polémique suscitant autant de controverses, la société marocaine semblerait donc se vêtir d’hostilité et de réticence.