Algérie-France : La Commission mixte publie les propositions sur les litiges sur l’Histoire

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La Commission mixte d’historiens algériens et français a rendu public, lundi, ses propositions pour traiter les litiges sur l’Histoire entre les deux pays.

Réunie le 25 janvier dernier en session plénière aux Archives nationales à Paris, en France, l’instance mise en place, en 2023, par les présidents Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron a soumis une série de mesures à prendre, en vue de traiter les contentieux liés à la mémoire et à l’histoire de la colonisation française de l’Algérie.

Selon un communiqué de la Commission, consulté par AA, les historiens des deux pays proposent d’abord des solutions pour la question des archives. Elle a conclu la « restitution de 5 mètres linéaires d’archives de l’Algérie à l’époque ottomane, ainsi que la remise de 2 millions de documents numérisés des archives nationales d’outre-mer ».

« Tout comme elle s’est attelée à définir la période, la nature et la typologie de ces archives et documents numérisés. La Commission s’est également accordée sur la nécessité et l’utilité de définir un ordre de priorités dans la numérisation des fonds d’archives, à commencer par les archives militaires et diplomatiques du XIX siècle », a précisé le communiqué, ajoutant que certaines archives « progressivement découvertes et numérisées, pourraient faire l’objet de publications scientifiques ».

La Commission a traité aussi le lourd dossier de la restitution à la partie algérienne des biens appartenant à l’Émir Abdelkader, à Ahmed Bey et à d’autres personnalités algériennes. Elle a cité notamment « l’épée, le burnous, le Coran, la tente et les canons de l’émir Abdelkader, la tente d’Ahmed Bey, la clé et les étendards de Laghouat (ville de sud-ouest algérien qui est témoin des massacres de la colonisation) ».

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Jusque-là, les autorités françaises refusaient la restitution des biens des résistants algériens, dont particulièrement l’épée et les canons de l’Émir Abdelkader. « La Commission se félicite de la proposition faite par des musées français, comme le quai de Branly ou le Louvre, de réaliser un inventaire des items provenant d’Algérie », a ajouté le document.

Dans ce sens, les historiens proposent la « réalisation des expositions sur l’histoire de l’Algérie au XIXe siècle à partir des fonds présents dans les musées en France et en Algérie ». « Elle propose notamment que l’exposition sur l’émir Abdelkader, réalisée au Mucem en 2022, soit également présentée dans un musée en Algérie », a souligné le communiqué.

Concernant la chronologie, a indiqué le communiqué, la commission « préconise de poursuivre l’élaboration d’une chronologie sur les différents aspects militaires, politiques, économiques, sociaux et culturels tout au long de la période coloniale (1830-1962), en commençant par le XIXe siècle ».

La Commission s’est penchée également, selon la même source, sur la bibliographie et propose « le recensement des ouvrages traitant de l’histoire coloniale en Algérie dans toutes les langues et l’identification de ceux qui seraient à numériser ou encore à traduire ».

Elle a soumis aussi des propositions sur les échanges des expériences académiques, l’accès aux portails numériques pour les chercheurs, la numérisation des registres de l’état civil et des cimetières de la période coloniale conservés en Algérie, ainsi que l’organisation des rencontres scientifiques conjointes.

Concernant les cimetières des prisonniers algériens décidés et enterrés en France, l’instance demande leurs recensements et la valorisation de ces lieux de mémoire par l’apposition des plaques commémoratives en une douzaine de lieux. Selon le communiqué, le travail de la commission est appelé à se poursuivre et une troisième réunion devra avoir lieu, dans deux mois, en Algérie.

Pour rappel, le contentieux historique entre l’Algérie et la France est très profond. En plus de la question des archives, la restitution des biens d’algériens confisqués, l’Algérie réclame aussi des réparations sur les essais nucléaires français en Algérie et l’indemnisation des victimes. L’Algérie réclame aussi la reconnaissance des crimes coloniaux par la France officielle.

Agences