Mouhamet NDIONGUE
La visite annoncée de l’envoyé personnel du secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (ONU) pour le Sahara, Staffan De Mistura, en Afrique du Sud, a suscité l’indignation du Maroc. Prétoria reste hostile aux intérêts du Maroc et soutien déclaré du Front Polisario. Sur le question, le Maroc a proposé une large autonomie sous sa souveraineté, une solution jugée crédible et réaliste par la communauté internationale. Le 16 octobre 1975, la Cour Internationale de Justice (CIJ) a d’ailleurs confirmé les liens historiques et juridiques entre le Maroc et le Sahara, en rejetant toute revendication adverse.
L’Envoyé personnel du Secrétaire général des Nations Unies pour le Sahara, Staffan de Mistura, a accepté l’invitation du gouvernement de l’Afrique du Sud, qui l’a convié à venir à Pretoria, afin de participer à des réunions avec des responsables sud-africains. C’est ce qu’a fait savoir le porte-parole du Secrétaire général de l’ONU, Stéphane Dujaric, lors de son point de presse quotidien. Le porte-voix d’Antonio Guterres a précisé que l’émissaire onusien est en route vers l’Afrique du Sud, et que les réunions prévues avec les diplomates sud-africains porteront sur la question du Sahara.
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Cette visite intervient dans un contexte où l’Afrique du Sud cherche à s’imposer comme un acteur régional influent, au détriment des intérêts du Royaume. L’Afrique du Sud veut profiter de la dynamique de sa victoire remportée à La Haye, où la Cour Internationale de Justice a répondu favorablement aux arguments sudafricains accusant Israël de génocide contre le peuple palestinien. Ce verdict, qui a été salué par le Front Polisario, a renforcé la position de l’Afrique du Sud, qui se présente comme un « défenseur » des causes justes et des droits de l’homme.
Le Royaume a toujours exprimé son mécontentement face à l’ingérence de l’Afrique du Sud dans le dossier du Sahara, qui relève exclusivement de la compétence de l’ONU. Dans une lettre envoyée, en mars 2023, à Antonio Guterres, l’Ambassadeur permanent du Royaume aux Nations Unies, Omar Hilale, a protesté contre les agissements de Pretoria. Hilale a dénoncé le fait que l’Afrique du Sud soit devenue complice de l’Algérie et du Polisario, en leur apportant un soutien idéologique aveugle et en leur fournissant des armes et des équipements militaires. Il a également reproché aux sud-africains leur manque de neutralité et d’objectivité, ainsi que leur volonté de saper les efforts de l’ONU pour parvenir à une solution politique pacifique et durable au conflit sahraoui.
Dans ce contexte, la question du rôle de l’Union Africaine (UA) dans la résolution du conflit doit être revue, afin de clarifier l’action de l’organisation continentale, qui a souvent affiché son soutien au Polisario. Le Maroc, qui a réintégré l’UA en 2017, après 33 ans d’absence, a plaidé pour que la question du Sahara soit traitée exclusivement par la « troïka » des chefs d’Etats, une instance tournante composée de l’actuel président, du précédent et du futur président, ainsi que du président de la Commission de l’UA. Cette formule permettrait d’éviter les interférences et les pressions de certains pays membres, qui ont des agendas politiques contraires à ceux du Maroc.
La visite de Staffan De Mistura en Afrique du Sud ne devrait pas être une occasion pour ce pays de faire valoir ses vues hostiles au Royaume, et qu’elle ne compromettra pas le processus de négociation mené sous l’égide de l’ONU.