Sahara : l’Europe face à ses contradictions (Etude)

Sahara-Europe

Bachir Abdallah

Une étude du Conseil européen des relations étrangères (ECFR) a souligné la force de la diplomatie marocaine et la reconnaissance internationale de sa souveraineté sur le Sahara, qui mettent l’Union européenne (UE) dans une position délicate. L’étude, intitulée « Le Labyrinthe du Maghreb : Harmoniser les politiques européennes divergentes en Afrique du Nord », explore les relations entre l’UE et les pays du Maghreb : Maroc, Algérie et Tunisie. Elle examine les enjeux économiques et géopolitiques auxquels les États membres de l’UE font face dans la région.

Le rapport accorde une attention particulière au Maroc, qui affiche les succès diplomatiques sur le dossier du Sahara. Le royaume a obtenu le soutien des États-Unis, qui ont reconnu sa souveraineté sur la région, ainsi que de nombreux pays africains et arabes, qui ont inauguré leurs représentations diplomatiques dans les villes sahraouies.

L’étude montre que l’UE peine à concilier son appui au Maroc et sa pression pour qu’il accepte des compromis sur le Sahara. L’UE attend avec anxiété le verdict de la Cour de justice européenne sur la validité des accords commerciaux et de pêche avec le Maroc, qui incluent le Sahara. Cette décision pourrait déclencher une crise si elle va à l’encontre des intérêts du Maroc et de la Commission européenne, alerte l’ECFR .

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Le Conseil analyse également les relations bilatérales entre le Maroc et ses principaux partenaires européens : l’Espagne, l’Allemagne et la France. La France a toujours été l’un des plus ardents défenseurs de la proposition marocaine d’autonomie pour le Sahara, mais elle semble désormais faible face à la position américaine. L’Espagne entretient des relations étroites avec le Maroc, mais aussi avec la population sahraouie et le Front Polisario. L’Allemagne accorde une grande importance à la coopération avec le Maroc, notamment dans les domaines du commerce et de l’énergie verte.

Dans son rapport, l’ECFR constate que les politiques maghrébines des quatre États membres les plus influents de l’UE divergent, motivées par les intérêts nationaux et les évolutions régionales. Il relève également que les relations de la France avec les pays du Maghreb sont compliquées par le passé colonial et les attentes régionales. L’Allemagne se montre prudente alors que les espoirs de réforme démocratique restent insuffisants.

L’ECFR propose que l’UE puisse jouer un rôle au Maghreb en harmonisant ses politiques et en élaborant une vision plus globale. Il reconnaît que le Maroc est devenu un partenaire efficace pour l’Europe, grâce à sa stabilité, sa diversification économique, son attractivité pour les investissements européens et son engagement en faveur des énergies renouvelables.

S’unir ou disparaître

L’Europe s’affaiblit dans ses relations avec le Maghreb en adoptant cette approche fragmentée, avertit le rapport qui soutient que les États membres de l’UE ont certes leurs propres intérêts à défendre, mais qu’ils gagneraient à les inscrire dans une vision européenne plus large. L’approche actuelle risque de laisser les dirigeants nord-africains dominer les relations bilatérales à leur avantage.

Selon le rapport, les relations diverses de la France, de l’Italie, de l’Espagne et de l’Allemagne avec les pays du Maghreb pourraient devenir une source de force pour l’Europe si elles étaient mieux coordonnées. Cela les aiderait à atteindre un ensemble d’objectifs qu’ils partagent largement : encourager une meilleure politique économique et une meilleure gouvernance en Tunisie, favoriser les progrès vers une plus grande ouverture en Algérie et approfondir la coopération avec le Maroc tout en résistant aux pressions diplomatiques sur le Sahara marocain.