Rapport sur la Moudawana : qui manœuvre sur les fuites ?

Ayda Benyahia

Après que la commission chargée de la révision de la Moudawana a présenté ses recommandations au Roi Mohammed VI, des fuites auraient été observées sur le contenu, selon certains médias. Ces indiscrétions, porteraient sur certains points relatifs à l’islam. En plus, certaines entités consultées durant le processus de réforme seraient désormais montrées du doigt, voire accusées de fragiliser le tissu social. Prenant position sur ce qui se trame, le Parti de la Justice et du Développement (PJD) réclame l’ouverture d’une enquête approfondie.

Dans une déclaration diffusée après sa réunion hebdomadaire de ce samedi, le PJD a exprimé ses inquiétudes face aux « fuites anonymes qui auraient altéré le Code de la Famille, soulignant que « ces fuites énoncent des éléments contraires à l’identité islamique, aux principes constitutionnels, au cadre royal et aux orientations populaires, menacent la cohésion et la stabilité familiales et sociales ».

Le PJD a également partagé ses inquiétudes concernant certaines recommandations de l’Instance en charge de la réforme de la Moudawana, relayées par certains médias. Il insiste donc sur l’importance de lancer une enquête pour déjouer toute tentative de discorde et de manipulation sur un sujet aussi sérieux et délicat. Le PJD considère que « ces fuites nuisent au respect de Sa Majesté le Roi, en tant qu’Amir Al Mouminine », attitude que récuse catégoriquement Abdelilah Benkirane, secrétaire général du parti, tant sur le fond que sur la forme.

De surcroît, le PJD met en garde contre les risques de telles pratiques, condamnant l’atteinte aux principes religieux et constitutionnels fondamentaux dans une affaire aussi cruciale, qui ne saurait tolérer « la manipulation de l’opinion publique ni son irritation par des stratagèmes irresponsables aux conséquences imprévisibles ».

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Cependant, des observateurs s’interrogent sur les intentions de ces entités qui ont divulgué « ce qui semble être des recommandations concernant la réforme de la Moudawana ». Qui pourrait donc bénéficier de la divulgation de ces recommandations au Roi et oser ainsi remettre en question la crédibilité des institutions étatiques sur un sujet aussi sensible, en propageant de fausses informations ? Les Marocains s’interrogent également sur les objectifs de ces actions, si ce n’est pour désorienter l’opinion publique sur la base de fuites douteuses et non vérifiées.

Par ailleurs, les observateurs estiment que ces actes font partie d’une stratégie préméditée visant à lancer des sondages pour évaluer les réactions précises de l’opinion publique face aux recommandations de réforme du code de la famille.

En évoquant le moment choisi par ceux qui ont délibérément divulgué ces recommandations, il est à rappeler que ces actions coïncident avec une offensive tenace de notre célèbre voisin, ce qui correspondrait indubitablement à son agenda.