La lettre en question est un appel à reconnaître les violations commises à l’égard du peuple Talai et une demande de réparation.
Il faut savoir que le Kenya, ancienne colonie britannique ayant obtenu son indépendance en 1963, réclame des excuses et des réparations pour les souffrances endurées pendant la colonisation par le Royaume-Uni. Et le clan Talai était au premier plan de la résistance anti-impérialiste.
Ils sont plus de 100 000 Kényans, appartenant au clan des Talai, à signer cette lettre adressée au prince William, deuxième dans l’ordre de succession à la couronne britannique derrière son père, Charles, rapporte la correspondante à Londres de la Radio Française Internationale.
Selon elle, les « Talai » rappellent dans leur courrier les conclusions d’une enquête des Nations unies : exploitation sexuelle, torture, expulsions infligées par l’Empire britannique… Selon cette enquête, Londres devrait leur présenter des excuses et offrir des réparations au clan, au premier plan de la résistance anti-impérialiste.
Ainsi, leurs territoires de la vallée du Rift ont été transformés par les britanniques en plantations de thé, cloitrant les habitants de ces camps de détention ou dans des zones infestées de mouches tsé-tsé et de moustiques.
« Beaucoup d’entre nous sont âgés. Il est urgent de restaurer notre dignité », écrivent les Talai. « Nous avons hérité de la douleur, et vous des profits. »
Il faut dire que les victimes n’en sont pas à leur premier appel, précise la correspondante RFI à Nairobi Albane Thirouard. Selon elle, en 2019, elles avaient demandé aux Nations unies d’enquêter sur ce passé colonial. Dans un rapport publié l’année dernière, les enquêteurs de l’ONU ont reconnu que plus d’un demi-million de personnes des communautés Kipsigis et Talai avaient été expulsées de leurs terres du comté de Kericho par les colons, subissant de graves violations des droits humains. Le rapport appelait le Royaume-Uni à apporter des mesures de réparations.
Selon RFI, Londres avait déjà exprimé en 2013 des regrets sur certaines exactions commises lors de la répression britannique pendant l’insurrection des Mau Mau, dans les années 1950, et avait indemnisé plus de 5000 vétérans. Mais selon l’avocat kényan Joel Kimutai Bosek, il s’agit de « de victimes différentes ».