Ethiopie : Le Premier ministre Abiy Ahmed prête serment pour un son second mandat

Abiy Ahmed

Par Driss SABRI

Le Premier ministre Abiy Ahmed a été reconduit pour un second mandat de cinq ans à la tête de l’Exécutif éthiopien, après que sa formation politique, le Parti de la Prospérité (PP), a remporté une écrasante majorité au Parlement lors des 6èmes élections générales tenues en juin dernier, avec de grands dossiers sur la table.

Quatrième Premier ministre de la République fédérale démocratique d’Ethiopie, Abiy Ahmed, né le 15 août 1976 dans la petite ville de Beshasha, située près d’Agaro en Oromia, est arrivé au pouvoir en avril 2018 après le mouvement de contestation qui a emporté en février de la même année, le gouvernement du Premier ministre Hailemariam Desalegn.

Héritant d’une société divisée, Abiy Ahmed, fils d’un père musulman et d’une mère chrétienne, a fait des valeurs de tolérance, d’unité nationale, de coexistence pacifique, de prospérité partagée et d’intégration régionale un axe central de son administration.

Ainsi, dès son investiture pour un premier mandat en 2018, il a lancé une panoplie de réformes ayant abouti, entre autres, à un renouvellement des élites politiques, économiques et des décideurs, au renforcement de la place de la femme avec la nomination d’un gouvernement paritaire, à la libération de milliers de dissidents, à la libéralisation de l’économie (télécommunication, parcs industriels..) et à la réconciliation avec un groupe de rebelles séparatistes du Sud-Est, mettant un terme à plus de trois décennies de violences dans l’Etat régional de Somali, outre la signature de l’accord de paix avec l’Erythrée voisine.

En novembre 2019, M. Ahmed a décidé de dissoudre l’ancienne coalition des partis au pouvoir pour fonder sa formation le Parti de la Prospérité qui se veut plus représentative des différentes franges de la population, abstraction faite de leur appartenance ethnique.

Pari réussi, le Parti de la Prospérité a remporté une écrasante majorité lors des 6èmes élections générales qui, de l’avis de tous les observateurs éthiopiens, ont marqué une rupture avec le passé et balisé le terrain devant une Ethiopie moderne, unie, démocratique et prospère.

« Je dis à tous les Ethiopiens qui luttent pour une Ethiopie pacifique, démocratique et prospère: tant que les Ethiopiens se serreront les coudes dans un esprit uni et avec un seul coeur, aucune force sur terre ne pourra nous arrêter », souligna le Premier ministre éthiopien qui souhaite « faire de l’Ethiopie la force de la Corne de l’Afrique » en s’appuyant sur une expérience riche et diversifiée en tant que militant dans la lutte armée contre le régime socialiste du Derg ou dans ses fonctions au sein de l’armée fédérale où il a atteint le grade de lieutenant-colonel, à la tête de la vice-présidence de l’Oromia, ou encore ministre de la Science et de la Technologie, Directeur fondateur de l’Agence de sécurité des réseaux d’information et fondateur et chef de l’institut de recherche gouvernemental « Science and Technology Information Center ».

Le nouveau gouvernement est donc appelé à relever plusieurs défis, le pays faisant face à une situation de conflit dans le Tigray et dans d’autres régions et à des pressions à l’échelle internationale.

De grands dossiers attendent le nouvel Exécutif, notamment le conflit dans l’Etat régional du Tigray, les attaques des rebelles du Front de libération du peuple du Tigray contre les Etats régionaux voisins d’Amhara et d’Afar, ainsi que la situation humanitaire dans ces régions outre les défis sur le plan sécuritaire dans certaines zones du pays.

L’épineuse question du grand barrage la Renaissance, dont les négociations sont dans l’impasse même après le deuxième remplissage il y a dans quelques semaines, sera également parmi les dossiers épineux sur la table du nouveau gouvernement.

Le pays devra également faire face aux difficultés économiques nées de la pandémie de COVID-19 qui a touché de plein fouet l’économie du pays, notamment le secteur du tourisme pourvoyeur de devises pour l’Ethiopie.

Confiant, le Premier ministre affirme lors de son investiture par la présidente de la Cour Suprême Meaza Ashenafi : « Moi, Abiy Ahmed Ali, aujourd’hui devant la Chambre des Représentants du Peuple (Chambre basse du parlement), j’accepte d’être nommé Premier ministre, tout comme je m’engage à remplir avec devoir et avec fidélité envers la Constitution la responsabilité qui m’est donnée par le peuple».

Situé sur la Corne de l’Afrique, l’Ethiopie, pays enclavé et aride, s’étend sur 1.104 300 km2 avec une population de plus de 110 millions d’habitants qui parlent les langues amharique, oromo, tigrinya, somali, gurage, sidamo, hadiyya et arabe en plus de l’anglais.

Côté religion, on note la présence des Orthodoxes qui arrivent en tête suivis des Musulmans, des Protestants et Catholiques.

Volet économie, l’Ethiopie, principal exportateur du café, des oléagineux, des légumineuses, du khat, des fleurs, de viande, des fruits et légumes et du cuir, enregistre des taux de croissances parmi les plus importants en Afrique. En 2020, le taux de croissance a atteint 6,1% après les 8,4% de 2019, en raison notamment de la pandémie du nouveau coronavirus.

Selon les perspectives économiques de la Banque africaine de développement, en 2021, la croissance du PIB réel devrait descendre jusqu’à 2% puis remonter jusqu’à 8% en 2022, entraînée par une reprise dans l’industrie et les services.

( Avec MAP )