En Zambie, la sécheresse et El Niño font craindre le pire

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En Zambie, pays enclavé d’Afrique australe, la sécheresse prolongée de cette année affecte durement la population, l’agriculture et l’économie, sapant les moyens de subsistance et posant une menace imminente d’insécurité alimentaire.

Fortement dépendante de son secteur agricole peu industrialisé pour assurer les besoins nutritionnels de sa population, la Zambie a vu ses récoltes dévastées à cause du phénomène climatique «El Nino» qui a entrainé une diminution de la production alimentaire.

Selon l’Organisation météorologique mondiale (OMM), cette perturbation atmosphérique devrait se poursuivre jusqu’en avril 2024, influençant les conditions météorologiques avec un temps plus chaud et des précipitations inférieures à la moyenne.

L’ampleur critique de la situation a été mise en lumière par l’organisation humanitaire «Oxfam» en avertissant qu’à cause de la sécheresse, plus de six millions de personnes seront confrontées à de graves pénuries alimentaires et à la malnutrition durant les prochains mois.

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«La sécheresse a touché 84 des 116 districts du pays, affectant plus d’un million de ménages, notamment dans le monde rural», a déclaré la représentante d’Oxfam en Zambie, Yvonne Chibiya, notant que des pertes de récoltes massives ont été signalées sur la moitié de la superficie plantée du pays.

Les données du gouvernement corroborent ces informations en révélant que la superficie plantée en maïs est estimée à 2,2 millions d’hectares, dont environ 1 million d’hectares ont été détruits.

Outre la crise humanitaire qui se profile, la baisse des niveaux d’eau dans les barrages à cause de la chute des précipitations affecte négativement le secteur énergétique, nécessitant d’instaurer des délestages électriques quotidiens de huit heures, selon la Société publique d’électricité (ZESCO).

Face à cette situation, le Président zambien, Hakainde Hichilema, a déclaré la période de sécheresse prolongée comme une catastrophe nationale et une urgence dans le pays.

Il a expliqué que parmi les mesures prises figurent l’affectation de davantage de ressources à des fins d’aide humanitaire, le renforcement des importations, afin de garantir que les citoyens touchés ne souffrent pas de la faim, l’importation d’électricité supplémentaire et le rationnement de la consommation d’énergie, ainsi que la promotion de sources d’énergie alternatives.

A long terme, le gouvernement se concentrerait sur l’amélioration des mécanismes de collecte de l’eau pour permettre le développement de l’irrigation et stimuler ainsi la production agricole. Dans ce contexte de crise, l’exécutif décide de réaligner le budget national 2024 pour mettre en œuvre les mesures ciblées.

Une autre source de financement provient des institutions financières internationales. La Banque africaine d’import-export (Afreximbank) a consacré ainsi un financement de 1,6 milliard de dollars consacré au renforcement de la sécurité alimentaire dans le pays, à travers la promotion du secteur agricole et la stimulation des chaines de valeur de l’économie zambienne.

La Banque mondiale (BM) est également venue à la rescousse en allouant une subvention de 100 millions de dollars pour stimuler le secteur énergétique du pays, notamment à travers l’amélioration de l’efficacité opérationnelle et la stabilité financière de la compagnie nationale d’électricité du pays, «ZESCO».

En somme, la sécheresse qui sévit durant cette année dans plusieurs régions de la Zambie affecte de plein fouet l’accès des populations à leurs besoins de base, tout en entravant le processus de relance économique du pays entamé après la crise de la Covid-19.

Pour remédier à cette situation, plusieurs mesures d’atténuation sont de mise, notamment la sensibilisation de la population pour une meilleure utilisation des ressources hydriques et la promotion des techniques agricoles durables pour la conservation de l’eau et la gestion des sols. La coopération internationale s’avère également une démarche sine qua non pour partager les meilleures pratiques, mobiliser des ressources et élaborer des stratégies de gestion des risques liés à la sécheresse à l’échelle locale.