El Niño sème la désolation au Zimbabwe

Les effets dévastateurs du phénomène climatique El Niño se font ressentir de manière alarmante au Zimbabwe, avec une sécheresse prolongée qui a profondément impacté l’agriculture, les ressources en eau et même la vie sauvage.

Ce phénomène climatique naturel, provoqué par la hausse de la température des eaux de surface du Pacifique central et oriental, a frappé de plein fouet ce pays d’Afrique australe, considéré comme l’un des moins développés dans le monde.

En effet, la saison des pluies, qui s’étend de novembre à mars au Zimbabwe, a été marquée par de très faibles précipitations durant cette année. Selon les prévisions du service météorologique national, cette situation devrait se poursuivre durant les prochains mois, laissant craindre des répercussions néfastes sur l’économie et les moyens de survie des couches défavorisées.

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L’agriculture est le secteur le plus vulnérable à ce phénomène. Les données du ministère des Finances indiquent que la récolte céréalière devrait baisser considérablement durant la saison agricole actuelle en raison des conditions climatiques défavorables causées par El Niño.

Le ministre de tutelle, Mthuli Ncube, a déclaré que « le gouvernement table sur une récolte de 1,1 million de tonnes de maïs pour la campagne agricole 2023/2024, soit une baisse de 300.000 tonnes par rapport à l’année précédente ».

Cet énorme déficit céréalier constitue une menace sérieuse à la sécurité alimentaire des ménages les plus pauvres, le pays étant confronté à la deuxième saison consécutive de baisse de la récolte céréalière, après une production de 2,7 millions de tonnes en 2022.

Dans ce sens, le réseau des systèmes d’alerte précoce contre la famine (Fews Net) de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) a appelé les gouvernements, les donateurs et les organismes humanitaires à se préparer aux besoins élevés d’aide alimentaire prévus au Zimbabwe.

L’impact nocif d’El Niño se manifeste également au niveau de la disponibilité d’eau potable dans les foyers zimbabwéens. Les principales métropoles du pays, Harare et Bulawayo, sont confrontées depuis plusieurs mois à une pénurie d’eau, limitant de manière drastique l’accès des citoyens à cette ressource vitale.

La gravité de cette crise a d’ailleurs contraint le conseil municipal de la capitale Harare à procéder à la fermeture d’une plateforme de traitement d’eau en raison du tarissement des barrages d’approvisionnement de Harava et Seke.

Quant à Bulawayo, la deuxième plus grande ville du pays, elle a décidé de mettre en place un système de rationnement de l’eau pour gérer les ressources hydriques disponibles.

La faune sauvage n’est pas épargnée par cette pénurie hydrique : plus de 100 éléphants sont morts par manque d’eau dans le parc national de Hwange, la plus grande réserve naturelle du Zimbabwe, selon le Fonds international pour la protection des animaux (IFAW).

L’Autorité nationale de gestion des parcs et de la faune (Zimparks) a, dans ce sens, tiré la sonnette d’alarme en affirmant que la sécheresse qui frappe le Zimbabwe est une menace sérieuse pour la faune sauvage dans les différentes régions du pays.

Le porte-parole de l’Autorité, Tinashe Farawo, a noté que les animaux sont obligés de parcourir des distances de plus en plus longues à la recherche d’eau et de nourriture, traversant souvent les frontières nationales.

Alors que la sécurité hydrique continue de se détériorer au Zimbabwe, il devient impératif d’adopter des mesures d’adaptation urgentes et durables, dans un cadre de concertation étroite entre les acteurs nationaux et internationaux.

Pour atténuer l’impact de la crise de l’eau, exacerbée par les effets du changement climatique, il est nécessaire de renforcer la résilience des communautés locales, tout en veillant à préserver les richesses animalières du pays.