Mouhamet Ndiongue
Le ministre de l’Intérieur est interpellé par un député du PJD sur les conséquences sociales et patrimoniales des opérations de démolition menées dans la vieille ville de Casablanca. Les habitants dénoncent un manque de dialogue de la part des autorités, ainsi qu’une violation de leurs droits et de leur histoire.
Depuis plusieurs semaines, la vieille ville de Casablanca vit au rythme des bulldozers et des pelleteuses. Sous la supervision des hommes d’autorité et des forces de sécurité, de nombreux bâtiments et propriétés privées sont vidés et démolis, sans que les habitants ne soient informés ni consultés sur les raisons et les objectifs de ces interventions, a dénoncé le député Abdel Samad Haikar, membre du Parti Justice et Développement (PJD), dans une question écrite adressée au ministre de l’Intérieur. Il a fait part de la détresse et de la colère des résidents, qui se sentent victimes d’un « déplacement forcé » au profit de certains spéculateurs et autres intérêts occultes.
Selon le parlementaire, les autorités n’ont pas respecté les exigences de la loi en matière de bâtiments menacés d’effondrement et de rénovation urbaine, notamment la recherche de solutions pour reloger les habitants concernés. Il a également souligné que certaines décisions de démolition sont contestées par les habitants, qui ont fait réaliser des expertises techniques modernes prouvant la solidité de leurs constructions.
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Le député a demandé au ministre de l’Intérieur de clarifier la nature et le cadre des interventions menées dans la vieille ville de Casablanca, ainsi que leur articulation avec le projet royal de réhabilitation de ce patrimoine historique et culturel. Il a également interrogé l’agence urbaine sur son rôle et sa responsabilité dans la communication et la sensibilisation des habitants, ainsi que sur le programme et le calendrier des opérations.
La vieille ville de Casablanca, connue sous le nom de Derb Sultan, est l’un des plus anciens quartiers de la métropole. Elle abrite des monuments historiques, comme la mosquée Ould el-Hamra, la synagogue Ettedgui ou le palais Dar el-Makhzen, ainsi que des maisons traditionnelles, des souks et des ruelles pittoresques. Elle est aussi le lieu de vie de milliers de familles, qui y ont tissé des liens sociaux et affectifs.
La démolition de la vieille ville de Casablanca s’inscrit dans un contexte de transformation urbaine accélérée, qui vise à moderniser et à embellir la capitale économique du Royaume. Mais cette transformation se fait souvent au détriment des habitants les plus modestes et les plus vulnérables, qui sont contraints de quitter leurs logements sans compensation ni alternative.
Ce n’est pas la première fois que la vieille ville de Casablanca est menacée par des projets de démolition. En 2015, un plan de restructuration avait été annoncé par les autorités, qui prévoyait de raser 70% des bâtiments et de reloger les habitants dans des logements sociaux. Ce plan avait suscité une forte mobilisation des habitants et des associations de défense du patrimoine, qui avaient réussi à le faire annuler.
Aujourd’hui, les habitants de la vieille ville de Casablanca espèrent que leur voix sera entendue et que leur droit à la ville sera respecté. Ils appellent à un dialogue constructif et transparent avec les autorités, afin de trouver des solutions qui préservent à la fois leur dignité et leur mémoire.