Afrique du Sud: des mesures de conservation risquent de sonner le glas des manchots africains

Les récentes mesures de conservation adoptées par le gouvernement sud-africain risquent de «sonner le glas» des manchots africains, une espèce d’oiseau de mer en danger critique d’extinction, ont mis en garde mardi des ONG de protection de l’environnement.

Une requête urgente a été déposée devant la Haute Cour de Pretoria contre le ministère de l’Environnement pour contester sa décision de maintenir les mêmes zones de pêche actuellement fermées où se reproduisent les manchots africains pendant au moins la prochaine décennie», ont déclaré les ONG BirdLife South Africa et la Fondation d’Afrique australe pour la conservation des oiseaux côtiers (SANCCOB).

Dans leurs documents judiciaires, ils contestent la décision prise en août 2023 par la ministre de tutelle, Barbara Creecy, de proroger l’interdiction de la pêche commerciale de l’anchois et de la sardine, les principales sources de nourriture des manchots, dans les zones précédemment désignées pour «fermeture provisoire» autour de six principales colonies de reproduction de manchots africains.

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«Cette décision est arbitraire, biologiquement dénuée de sens et contraire aux recommandations d’un groupe international d’experts qu’elle a nommé il y a deux ans», a-t-on ajouté, notant que «si les tendances actuelles persistent, l’espèce aura disparu à l’état sauvage d’ici 2035».

Alistair McInnes, responsable de la conservation des oiseaux marins au sein de BirdLife South Africa, a déclaré que le groupe a recommandé une méthode appropriée pour délimiter l’habitat d’alimentation des manchots de sorte à équilibrer leurs besoins avec les intérêts de l’industrie de la pêche, notant que Mme Creecy ne semble pas avoir pris en compte ces considérations.

Il a expliqué qu’un «mécanisme de compromis» a été conçu par les scientifiques, afin de comparer les coûts relatifs pour l’industrie et les avantages pour les manchots. «Cependant, la ministre avait inexplicablement réimposé les anciennes zones fermées», a-t-il déploré.

«Aucun accord visant à modifier les fermetures provisoires n’a été conclu entre l’industrie de la pêche et le secteur de la conservation avant la date limite de décembre 2023. Cela signifie que les fermetures provisoires sont désormais permanentes et resteraient en place pendant la décennie suivante», a-t-il poursuivi.

Pour sa part, la directrice exécutive du Biodiversity Law Centre, Kate Handley, a décrit la demande de révision de la décision du département comme un «tournant décisif» et une affaire qui pourrait créer un précédent judiciaire en la matière.

Mettant l’accent sur l’obligation du gouvernement sud-africain de protéger les espèces menacées, en l’occurrence le manchot africain, elle a signalé que la prise de décision doit être fondée sur la science pour garantir que les générations futures jouissent de leur environnement et que ces espèces en voie de disparition soient protégées.