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Mali : Le gouvernement de transition annonce la dissolution de tous les partis politiques

Au Mali, le gouvernement de transition a annoncé, mardi 13 mai 2025, la dissolution de tous les partis politiques et des organisations à caractère politique, conformément à un décret présidentiel lu à la télévision nationale. Cette décision intervient après une manifestation organisée le 3 mai à Bamako, ayant rassemblé plusieurs centaines de personnes venues dénoncer cette éventualité.

« Les partis politiques et les organisations à caractère politique sont dissous sur l’ensemble du territoire national », précise le décret. Avant cette dissolution, environ 300 partis politiques étaient recensés au Mali. Dans ce contexte, la charte des partis, qui définissait jusqu’alors le cadre moral et juridique ainsi que les modalités de fonctionnement des partis politiques, a été abrogée ce lundi par un projet de loi présenté par l’organe législatif dirigé par le général Assimi Goïta.

Plusieurs figures de l’opposition malienne ont vivement critiqué le gouvernement de transition pour avoir dissous tous les partis politiques et interdit les activités politiques, rapporte un média britannique. Parmi elles, Moussa Mara, ancien premier ministre et membre de Yelema, a exprimé sa profonde tristesse face à ces restrictions.

Dans un autre message, Nouhoum Togo, président de l’Union pour la Sauvegarde de la République (USR), a affirmé que, malgré les efforts des autorités militaires, la valeur d’un parti politique ne dépend pas de leur reconnaissance.

Les Maliens vivant à l’étranger ont également dénoncé ce qu’ils considèrent comme une tentative de museler l’opposition. Sadio Morel-Kanté, membre du Panel des démocrates maliens – un groupe de civils de la diaspora opposés au gouvernement de transition -, a exprimé sa déception face à cette initiative.

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Certains analystes interprètent cette interdiction des activités politiques par le gouvernement de transition comme une volonté plus profonde. « Cette décision s’inscrit dans un désir de rompre avec les anciennes élites, au pouvoir depuis l’indépendance et perçues comme étroitement liées à l’ancienne puissance coloniale, la France », a expliqué un analyste à un média britannique.

L’autorité malienne de régulation des médias restreint TV5 Monde

L’Autorité de régulation des médias au Mali a annoncé l’interdiction de la chaîne de télévision française TV5 Monde sur le territoire national, invoquant des « propos diffamatoires » relatifs à une manifestation survenue début mai dans la capitale.

Dans une lettre rendue publique mardi, la Haute Autorité de la Communication a expliqué avoir coupé le signal de TV5 Monde après qu’un présentateur a affirmé que « des centaines de forces de sécurité avaient été mobilisées pour empêcher les manifestants d’accéder » au Palais de la Culture lors de la protestation du 3 mai.

Cette décision s’inscrit dans une série de mesures prises par les autorités maliennes à l’encontre des médias étrangers. Les signaux de France 24 et de Radio France Internationale (RFI) sont en effet bloqués depuis près de trois ans.

Situation politique au Mali selon la Banque mondiale

Depuis le coup d’État de 2012, le Mali est plongé dans une instabilité chronique. Après la rupture institutionnelle du 18 août 2020, un gouvernement de transition et un Conseil national ont été mis en place. Le 28 mai 2021, le colonel Assimi Goïta a été désigné chef de l’État.

Le dialogue inter-malien tenu du 13 avril au 10 mai 2024 a proposé de prolonger la transition à 5 ans et de modifier l’article 9 pour permettre à Goïta de se présenter aux élections. En réponse, le gouvernement l’a promu général d’armée le 16 octobre 2024, avec quatre autres officiers. Le 21 novembre 2024, Abdoulaye Maïga a été nommé premier ministre.

À l’échelle régionale, le Mali a cofondé avec le Burkina Faso et le Niger l’Alliance des États du Sahel (AES) via la Charte du Liptako-Gourma, signée le 16 septembre 2023, puis annoncé son retrait définitif de la CEDEAO le 28 janvier 2025.

Mali en chiffres selon la Banque mondiale

Le Mali, pays sahélien à faible revenu, reste vulnérable aux chocs climatiques et aux fluctuations des matières premières, en raison d’une économie peu diversifiée. Sa forte croissance démographique, la faible productivité agricole et le changement climatique menacent sa sécurité alimentaire.

Entre crises sécuritaires et pandémie, l’extrême pauvreté a augmenté, passant de 15,9 % en 2021 à 19,1 % en 2022, touchant surtout les zones rurales du sud (90 %).

Malgré ces défis, le PIB a crû de 4 % en 2024, porté par l’agriculture et les services, tandis que le secteur secondaire souffre de coupures d’électricité et de la baisse de la production aurifère.

Le déficit budgétaire a reculé à 2,9 % grâce à une réduction temporaire des salaires publics et à la digitalisation fiscale. La dette publique, à 52,6 % du PIB, présente un risque de surendettement modéré.

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