Les rivières et les barrages de l’Afrique du Sud ont atteint un stade de pollution irréversible, la loi nationale sur l’eau n’ayant pas réussi à atteindre son objectif d’améliorer la qualité de l’eau dans le pays, ont indiqué jeudi des experts en gestion des ressources hydriques.
« Nous rejetons environ sept milliards de litres d’eaux usées chaque jour dans nos rivières et nos barrages », a déclaré Anthony Turton, professeur au Center de gestion environnementale à l’Université du Free State, dans un webinaire tenu sous le thème « Les ressources hydriques en Afrique du Sud à un point de basculement critique ».
Déplorant que de nombreux cours d’eau ont maintenant atteint un point où ils ne peuvent plus se rétablir, il a signalé qu’environ 80 % des eaux usées rejetées dans les cours d’eau reviennent dans le système soit partiellement traitées, soit non traitées.
M. Turton a de même souligné que les eaux usées contiennent non seulement des déchets humains, mais également des agents pathogènes tels que des bactéries et des virus, ainsi que des médicaments partiellement métabolisés.
«Le changement dans les rivières du pays devient si rapide qu’il y a de fortes chances que cela commence à dépasser notre capacité institutionnelle à y faire face», a-t-il averti, notant que les preuves empiriques disponibles confirment que la loi nationale sur l’eau a échoué.
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Pour sa part, le directeur exécutif de la Commission de recherche en eau, Sylvester Mpandeli, a souligné que l’Afrique du Sud fait partie des 30 pays les plus secs du monde, ce qui requiert des autorités de garantir une utilisation efficace et durable des ressources hydriques.
Rappelant que la population sud-africaine a atteint plus de 60 millions, selon le dernier recensement, il a mis l’accent sur la nécessité d’engager une réflexion sérieuse sur les solutions à même de produire suffisamment de nourriture et fournir de l’eau et de l’énergie sans contraindre davantage les finances publiques.
«Nous devons également soutenir les communautés vulnérables en veillant à ce qu’elles développent une forte capacité d’adaptation, tout en assurant la transition d’une économie à haute intensité carbone à une économie respectueuse de l’environnement», a-t-il poursuivi.
Même son de cloche chez Mariette Liefferink, directrice générale de la Fédération pour un environnement durable, qui a souligné que la Banque mondiale a révélé que l’Afrique du Sud ne sera pas en mesure d’atteindre l’Objectif de développement durable N°6 concernant la disponibilité et la gestion durable de l’eau et de l’assainissement d’ici 2030.
Elle a précisé que le pays est confronté à une crise de l’eau causée par un entretien et des investissements insuffisants dans les infrastructures hydriques, des sécheresses récurrentes, des inégalités dans l’accès à l’eau et à l’assainissement, la détérioration de la qualité de l’eau, ainsi que le manque d’ingénieurs hydrauliques qualifiés.