Les fusillades perpétrées récemment dans la province sud-africaine du KwaZulu-Natal, causant des dizaines de morts, ont provoqué l’ire des citoyens et des ONG et soulevé plusieurs interrogations quant à la responsabilité des services de police.
Ces derniers jours, des questions ont été soulevées quant à savoir si la police a fait preuve de brutalité. Plus de 40 suspects ont été tués lors de fusillades dans la province au cours des trois derniers mois.
Mary de Haas, observatrice de la violence et défenseure de la justice sociale, a toutefois déclaré que le nombre élevé de fusillades peut être imputé aux manquements de la police et des services de renseignement criminel.
«Cela ne devrait pas arriver à ce stade. C’est comme si l’apartheid était à nouveau une réalité en Afrique du Sud», a-t-elle déclaré aux médias, arguant que si la police fonctionnait correctement, il n’y aurait pas autant de criminels armés.
Et d’ajouter que «c’est pour cela que nous avons une unité de renseignement sur la criminalité, qui est censée repérer les armes à feu et prévenir ce genre de choses pour éviter les fusillades».
Pour cette défenseuse de la justice sociale, tout commence avec les renseignements sur la criminalité qui, malheureusement, ne fonctionnent tout simplement pas dans le pays. La police et les services de renseignement criminel n’ont pas réussi à empêcher le commerce effréné d’armes illégales au KwaZulu-Natal, a-t-elle déploré.
En avril dernier, le directeur de la Direction indépendante des enquêtes policières (Ipid), Dikeledi Ntlatseng, a déclaré qu’il existait une crainte que les policiers tuent des suspects parce que c’est plus facile que de les traduire en justice.
«Il est inquiétant de constater que les policiers court-circuitent ainsi le système judiciaire pénal.», a-t-il indiqué.
Un point de vue réfuté par le Commissaire de police de la province, Nhlanhla Mkhwanazi, qui a défendu les actions des forces de l’ordre, affirmant que la police avait pour mission de «traduire les suspects en justice».
«Au cours des trois derniers mois, nous avons arrêté plus de 35.000 suspects qui seront traduits devant la justice», a-t-il précisé. M. Mkhwanazi a, toutefois, souligné que les suspects qui mettent en danger la vie des policiers et des habitants en résistant à leur arrestation par balles ne laissent à la police d’autre choix que de riposter en légitime défense.
Selon des ONG, plusieurs morts suspectes ressemblent assez à des exécutions qui pourraient être le résultat d’actes de vengeance commis après la mort de policiers.
L’Afrique du Sud est l’un des pays les plus dangereux au monde. La criminalité continue de s’y aggraver, avec un taux de meurtres, attaques à main armée, enlèvements, viols et autres crimes supérieur à la majorité des autres pays du monde.
Les dernières statistiques de la criminalité au niveau national brossent un tableau sombre sur la situation sécuritaire dans le pays et révèlent que près de 8000 personnes ont été assassinées durant le deuxième trimestre de cette année.
Avec MAP