ZLECAF : Une croissance économique solide en Afrique nécessite l’accroissement de la productivité à l’échelle continentale

CNUCED

La zone de libre-échange de l’Afrique (ZLECAF) peut apporter au continent une croissance économique inclusive considérable pour autant que  » des mesures soient prises pour stimuler la productivité et accroître les opportunités économiques » à l’échelle continentale, a estimé la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED).

« La ZLECAf pourrait limiter la contraction de la croissance due à la pandémie de COVID-19, la hausse de la pauvreté et des inégalités et stimuler une croissance durable et inclusive sur le continent si des mesures de soutien plus fortes ciblant les femmes, les jeunes commerçants et les petites entreprises sont mises en œuvre », souligne la CNUCED dans son nouveau rapport 2021 sur le développement économique en Afrique.

Le rapport indique « qu’il est peu probable que les politiques commerciales à elles seules soutiennent une croissance économique inclusive sur le continent. D’autres mesures sont nécessaires pour accroître les gains potentiels en terme d’intégration régionale et contribuer à un développement inclusif ».

Il s’agit « de promouvoir la coopération dans la promotion des politiques d’investissement et de concurrence, l’accélération du financement des infrastructures qui facilitent les liens ruraux-urbains et l’égalité d’accès aux opportunités socio-économiques et aux ressources productives ».

La ZLECAf, en vertu de laquelle le libre-échange a officiellement été instauré en janvier 2021, est l’un des projets phares de l’Agenda 2063 de l’Union africaine, qui comprend divers objectifs en matière de croissance durable et inclusive. La croissance économique ne peut être inclusive que si elle réduit à la fois la pauvreté et les inégalités, juge la CNUCED.

« La ZLECAf a un immense potentiel pour stimuler la croissance économique et transformer les perspectives de développement du continent si des mesures supplémentaires sont prises pour réaliser et répartir équitablement ses nombreux avantages potentiels, car ces résultats ne viendront pas automatiquement » a déclaré Rebeca Grynspan, Secrétaire Générale de la CNUCED, cité par un communiqué.

Selon le rapport, la croissance n’a été inclusive que dans 17 des 49 pays africains pour lesquels des données suffisantes sur les ménages entre 2000 et 2020 sont disponibles. Dans 18 pays africains, la croissance économique a permis de réduire la pauvreté, mais avec une hausse des inégalités. La croissance n’a pas été inclusive dans 14 pays, note le rapport.

« Ce constat soulève la question clé de savoir comment la croissance économique grâce à l’intégration régionale peut contribuer à la réduction de la pauvreté et favoriser le développement inclusif, un objectif principal de l’Agenda 2063 », fait remarquer l’organisation.

Le rapport indique que la libéralisation du commerce, qu’elle soit bilatérale, régionale ou multilatérale, entraîne certaines pertes de recettes tarifaires et a des effets redistributifs. Cependant, l’intensification du commerce international peut également générer des retombées interrégionales en terme de connaissances. Ceci pourrait accroître l’efficacité, permettre de diffuser la technologie et de redistribuer les richesses, selon le document.

Le commerce intra-africain est actuellement faible à 14,4% du total des exportations africaines. Il est composé à 61 % de produits transformés et semi-transformés, ce qui suggère des avantages potentiels plus élevés d’un commerce régional accru pour une croissance transformatrice et inclusive, indique la CNUCED.

Le rapport souligne que lorsqu’on considère le commerce transfrontalier informel, l’Afrique enregistre un commerce intra-régional plus élevé, en particulier dans l’agriculture.

Le commerce transfrontalier informel peut représenter jusqu’à 90 % des flux commerciaux officiels dans certains pays et contribuer jusqu’à 40 % du commerce total au sein des communautés économiques régionales telles que la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et le Marché commun de l’Est et de l’Afrique australe (COMESA).

Le rapport constate que le potentiel d’exportation encore inexploité du continent s’élève à 21,9 milliards de dollars, soit 43% des exportations intra-africaines. Il indique qu’un potentiel d’exportation supplémentaire de 9,2 milliards de dollars peut être réalisé grâce à une libéralisation tarifaire partielle dans le cadre de la ZLECAf au cours des cinq prochaines années.

Pour libérer ce potentiel, diverses barrières non tarifaires intra-africaines, y compris des mesures non tarifaires coûteuses, des lacunes en matière d’infrastructure et d’informations sur le marché, doivent être levées et comblées. Cela nécessite des efforts conjoints dans le cadre de la ZLECAf.

Une coopération à long terme dans les politiques d’investissement et de concurrence sera essentielle pour surmonter la domination du marché par quelques acteurs et pour réduire les obstacles structurels et réglementaires à l’entrée sur le marché.

( Avec MAP )