Par Bachir Abdallah
La campagne agricole 2022-2023 a été marquée par une sécheresse sévère et des événements climatiques extrêmes qui ont affecté la production céréalière au Maroc. Selon le Ministère de l’Agriculture, la production céréalière a atteint 55,1 millions de quintaux, soit une baisse de 27 % par rapport à une année normale. Les zones favorables ont enregistré des rendements moyens, tandis que les zones défavorables ont subi des pertes importantes.
La campagne agricole 2022-2023 s’inscrit dans une séquence climatique de cinq années successives de sécheresse, qui a réduit la disponibilité de l’eau pour l’irrigation et les cultures pluviales. Selon le Dr Abdellah Aboudrare, « la sécheresse a été particulièrement sévère au début et à la fin du cycle des cultures d’automne, ce qui a compromis la levée des semis et la formation des grains ». Il ajoute que « la campagne a également connu des températures exceptionnellement élevées (40 degrés dans certaines régions) et un vent chaud (chergui) au mois d’avril, qui ont accéléré le dessèchement des plantes et réduit le potentiel de remplissage des grains ». Enfin, il souligne que « des averses orageuses au mois de mai ont affecté la qualité des récoltes déjà faibles, en provoquant des échaudages, des versements et des maladies fongiques ».
Face à ces conditions climatiques difficiles, la production céréalière a enregistré une baisse significative par rapport aux prévisions d’une année normale (75 millions de quintaux). Selon les chiffres du Ministère de l’Agriculture, la production céréalière a été de 55,1 millions de quintaux, dont 22,9 millions de quintaux de blé tendre, 14,7 millions de quintaux d’orge et 17,5 millions de quintaux de blé dur. Cette production a été concentrée dans les zones Bour favorables et intermédiaires à hauteur de 82,9 %, dont 27 % dans la Région de Fès-Meknès (Sais, Taounate et Taza), 26,5% dans la Région de Rabat-Salé-Kénitra (Gharb et Zaer), 16,9 % dans le Grand Casablanca-Settat (Chaouia) et 12,4 % dans la Région de Tanger-Tétouan-Al Hoceima (Loukkos et zones du nord). Les zones favorables ont enregistré des rendements moyens de 18,5 quintaux par hectare pour le blé tendre, 15,8 quintaux par hectare pour le blé dur et 13,6 quintaux par hectare pour l’orge. Les zones défavorables, quant à elles, ont subi des pertes quasi-totales des cultures dans les régions arides du Sud et oriental, où les rendements ont été inférieurs à 5 quintaux par hectare.
Des perspectives d’amélioration
Malgré cette situation difficile, le Dr Abdellah Aboudrare se veut optimiste et affirme que « le Maroc dispose d’un potentiel important pour améliorer sa production céréalière, à condition d’adopter des pratiques agricoles durables et adaptées au changement climatique ». Il cite notamment l’exemple de l’agriculture de conservation, qui repose sur trois principes : la perturbation minimale du sol, la couverture permanente du sol et la diversification des espèces végétales. Il explique que « l’agriculture de conservation permet de préserver la fertilité du sol, de réduire l’érosion, de conserver l’eau, de séquestrer le carbone, de favoriser la biodiversité et de réduire les coûts de production ». Il ajoute que « l’agriculture de conservation nécessite une mécanisation adaptée, qui permet de réaliser le semis direct, l’application précise des intrants et la gestion intégrée des adventices, des maladies et des ravageurs ». Il précise que « l’Ecole Nationale d’Agriculture de Meknès mène depuis plus de 30 ans des recherches sur l’agriculture de conservation et la mécanisation agricole durable, et accompagne les agriculteurs dans la transition vers ce mode de production ». L’ingénieur conclut en disant que « l’agriculture de conservation est une opportunité pour le Maroc de renforcer sa sécurité alimentaire, sa résilience climatique et sa compétitivité agricole ».