Jamal Machrouh : « L’initiative atlantique permet une présence africaine durable en mer »

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Soufiane Guellaf

Jamal Machrouh, Senior Fellow au Policy Center for the New South et Professeur Universitaire en Relations Internationales, a présenté une communication intitulée « L’initiative de l’Afrique Atlantique : Quels leviers d’action ? », lors de la 3e édition du Forum MD Sahara. Cet événement s’est tenu les 10 et 11 mai 2024 à Rabat, autour du thème ambitieux : « Façade atlantique 2030 : Une Vision Royale pour une ère de connexion et de prospérité transcontinentale ». Il a identifié trois leviers principaux : l’implémentation, la mutualisation et l’inclusion.

Dans son intervention, M. Machrouh évoque la compétition intense pour l’appropriation des domaines maritimes, que ce soit en mer Noire, en mer de Chine ou en mer Rouge. Il souligne ce virage stratégique qui reconnaît la mer comme un élément central, après que l’Afrique a longtemps négligé cet aspect.

Concernant l’importance des espaces maritimes, l’intervenant met en avant que les ressources maritimes pourraient être bénéfiques pour les économies et les nations africaines. Il insiste sur la nécessité de « construire une stratégie globale inclusive et effective en matière de domaine maritime ».

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Dans ce contexte stratégique, M. Machrouh mentionne l’impératif pour l’Afrique de développer une stratégie maritime afin d’accroître son positionnement stratégique global, ainsi que ses capacités économiques et politiques. Il fait référence à l’Initiative Royale visant à établir une région Afrique Atlantique économiquement prospère, politiquement stable et rayonnante sur le plan humain.

Il aborde également les « leviers d’implémentation » pour concrétiser cette vision de l’Afrique Atlantique. Il parle du « levier de l’appropriation », soulignant la différence entre un espace géopolitique et un espace géographique. Il explique qu’un sentiment d’appartenance et une adhésion des acteurs au projet commun sont essentiels pour renforcer les architectures géopolitiques.

Pour le deuxième levier, « le levier de la mutualisation », il note que la mer, contrairement à la terre, présente des défis uniques. Il met en lumière l’immensité et l’impermanence des espaces maritimes, rendant difficile l’établissement d’une présence durable. Il appelle donc à imaginer des leviers importants pour asseoir une présence africaine durable et positive dans ces espaces.

Le troisième levier est celui de l’inclusion. Il clarifie qu’il existe non pas une, mais deux Initiatives Royales. La première vise à construire une région Afrique Atlantique, tandis que la seconde ambitionne de faciliter l’accès à la mer pour les États enclavés, notamment le Niger, le Mali, le Burkina Faso et le Tchad. Cette initiative est motivée par le fait que, selon les statistiques des Nations Unies, ces États sont privés de 20 % de leur PIB. Concernant le Gazoduc Nigeria-Maroc, l’intervenant souligne son rôle central dans l’acheminement du gaz du Nigeria vers l’Europe et dans la valorisation du potentiel de la Mauritanie et du Sénégal, renforçant ainsi l’offre globale de l’Afrique atlantique.