Crise de la dette au Zimbabwe, un labyrinthe sans issue

Le Zimbabwe est plongé depuis de longues années dans une crise de la dette qui pèse lourdement sur les finances publiques, entravant la mise en place des réformes structurelles et mettant en péril l’avenir économique du pays.

La situation s’est aggravée durant les dernières années à cause d’une succession de chocs économiques liés, notamment , à la pandémie de la Covid-19, aux tensions géopolitiques récentes, ainsi qu’à une sécheresse sans précédent qui a frappé ce pays enclavé d’Afrique australe.

Les besoins de financer la reprise économique post-covid et d’importer davantage de produits alimentaires pour répondre à la crise alimentaire a drastiquement gonflé la dette publique, étouffant la croissance économique et portant un coup dur à la confiance des investisseurs étrangers.

Selon le ministre des Finances, Mthuli Ncube, la dette du Zimbabwe s’élève à plus de 19 milliards de dollars, y compris 13 milliards revenant à des créanciers extérieurs et 6,2 milliards appartenant à des investisseurs locaux. Une situation difficile qui date depuis 2001 lorsque le Zimbabwe a eu du mal à rembourser sa dette extérieure, accumulant ainsi les pénalités liées aux retards de paiement et aux arriérés d’intérêts.

D’ailleurs, le pays est déjà tombé en défaut de paiement sous l’ancien Président Robert Mugabe qui a laissé derrière lui une économie minée par le chômage, le manque d’argent liquide, de carburant et même d’électricité et d’eau.

Toutefois, alors que le gouvernement a désespérément besoin d’un soutien financier extérieur, les institutions financières internationales refusent de lui accorder de nouveaux prêts à cause de ses arriérés de paiement, plongeant ainsi le pays dans une spirale infernale qui prend son avenir en otage.

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Ce qui rend la situation encore plus compliquée, c’est que ce pays n’est pas non plus éligible pour faire une demande d’allégement de la dette au titre du «Cadre commun», une initiative du FMI approuvée par le G20 et le Club de Paris visant à fournir à certains pays en développement des facilités de payement de la dette lorsqu’elles sont nécessaires.

Selon M. Ncube, cette situation entrave les besoins de développement du pays en raison de l’accès limité aux ressources internationales nécessaires à la reprise économique du Zimbabwe, notamment à travers la restauration de la stabilité financière et la redirection des fonds essentiels vers les infrastructures essentielles et le développement communautaire.

Pour sortir de l’impasse, le gouvernement zimbabwéen n’a cessé de réclamer de ses prêteurs de lui accorder une remise substantielle de sa dette et une suppression des pénalités supplémentaires. Des appels qui ont jusqu’à présent échoué.

Parallèlement, le Zimbabwe a commencé à effectuer des remboursements symboliques aux institutions financières multilatérales et aux pays membres du Club de Paris pour montrer son engagement à en découdre avec les anciennes pratiques budgétaires non viables.

En attendant une solution miracle pour sortir de ce labyrinthe sans issue, le Zimbabwe continue de faire face à des conditions économiques périlleuses qui affectent de plein fouet le citoyen lambda.

Considéré jadis comme le grenier à blé de l’Afrique, le pays se trouve désormais coincé entre le marteau d’une économie ravagée par deux décennies de politiques dévastatrices et l’enclume des exigences des bailleurs de fonds internationaux.