Bachir Abdallah
L’élection présidentielle en Algérie soulève de vives critiques et met en évidence la frilosité du pouvoir algérien face à la scène internationale, particulièrement envers la France et ses médias. Le scrutin, ayant reconduit Abdelmadjid Tebboune à la présidence, a suscité des remous tant au niveau national qu’international, en exposant un fossé entre les revendications populaires et l’attitude défensive du pouvoir en place.
Les autorités algériennes, loin de se remettre en question, ont pointé du doigt la France, accusée d’ingérence, par le simple fait que ses médias ont couvert et analysé le scrutin. D’ailleurs, le journal télévisé de la chaine publique algérienne n’y est pas allé de main morte : C’est un véritable punchline qui a été servi à la France, la présentatrice telle dans un récital, a vivement critiqué la France jusqu’à relever son endettement extérieur et pour finir, dire que « l’Algérie est plus nantie que la France » (sic) … Cet acharnement contre un prétendu ennemi extérieur permet au régime de détourner l’attention des véritables problèmes internes : une désaffection civique marquée et un besoin criant de réformes politiques et économiques. La frilosité du pouvoir se manifeste dès lors par un repli sur soi et une diabolisation de l’autre, illustrée par la crise diplomatique qui s’est installée entre les deux pays depuis le changement de la France.
Cette stratégie d’accusation a également visé les médias étrangers, perçus comme des intrus qui entraveraient la souveraineté nationale. Cette attitude n’est qu’un écran de fumée qui cache mal le manque de légitimité d’un régime éprouvé par les pressions sociales internes. Le Hirak, mouvement populaire historique, a peut-être réduit ses manifestations visibles, mais son esprit de contestation reste vivace. Les Algériens, conscients de la farce électorale dénoncée par de nombreux observateurs, continuent de mener des débats sur l’authenticité du pouvoir représentatif, un point d’achoppement que le gouvernement s’efforce d’étouffer par tous les moyens.
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Le président Emmanuel Macron, dans un souci de ne pas briser définitivement les ponts, a adressé ses félicitations à Tebboune. Ce geste diplomatique a, sans surprise, été perçu comme paradoxalement de justification à l’attitude défensive du gouvernement algérien envers la France. Cependant, ce calcul diplomatique, plus proche d’une obligation protocolaire que d’un réel soutien, n’a pas suffi à atténuer une méfiance enracinée entre les deux États.
Aujourd’hui, il plus que nécessaire de se pencher sur les raisons internes qui alimentent cette frilosité. Le régime algérien, confronté à ses limites, cherche à préserver son pouvoir par le biais d’un nationalisme farfelu et populiste. L’absence de transparence dans les processus électoraux et la restriction des libertés d’expression témoignent d’une gouvernance autoritaire cherchant désespérément à se maintenir en discréditant ceux qui posent des questions légitimes.
L’élection présidentielle algérienne n’est pas seulement un enjeu de pouvoir au sein du pays, mais également un révélateur des dynamiques compliquées entre l’Algérie et les puissances extérieures, notamment la France. Le pouvoir algérien, en s’en prenant systématiquement à ces acteurs, montre une incapacité ou une réticence à se réformer de l’intérieur. Cultiver des antagonismes avec l’étranger peut fonctionner à court terme comme une stratégie de diversion, mais pour assurer sa pérennité et retrouver un élan démocratique, l’Algérie devra inévitablement faire face à ses propres démons et répondre aux attentes citoyennes qui ne font que croître en intensité et en pertinence.