Plus de 60 % des stations de traitement et d’épuration des eaux usées en Afrique du Sud courent un risque «élevé ou critique» de déversement dans les rivières et l’environnement, révèle un nouveau rapport du ministère de l’Eau et de l’assainissement publié lundi.
«La baisse de la qualité de l’eau provoquée par la détérioration croissante des infrastructures urbaines s’est intensifiée dans six des sept métropoles du pays et dans la moitié des régions métropolitaines», souligne le département dans son rapport intitulé «Blue Drop».
Il a ajouté qu’en 2014, 174 systèmes d’approvisionnement en eau situés dans 33 autorités de services d’eau se sont révélés être dans un état de performance critique, contre 277 recensés en 2023, soit une hausse de 29 %.
Le ministère a également fait état d’une forte régression de la qualité de l’eau potable durant la dernière décennie, notant qu’en 2014, près de 5 % des systèmes d’approvisionnement en eau était conforme à une qualité microbiologique mauvaise ou très mauvaise, alors qu’en 2023 ce taux a atteint 46 %.
En outre, il a estimé que près de la moitié de l’eau municipale en Afrique du Sud est actuellement perdue sous la forme d’«eau non facturée» en raison de fuites de canalisations, de compteurs d’eau peu fiables, voire inexistants, de raccordements illégaux et d’une collecte de revenus insuffisante.
La compagnie en charge du traitement de l’eau «Rand Water» dans la province de Gauteng, qui englobe Johannesburg et Pretoria, a récemment mis en garde que son système d’approvisionnement en eau est au bord de l’effondrement en raison des fortes pressions de la demande.
L’Afrique du Sud souffre d’une demande en eau excessive, alors que les quantités disponibles sont insuffisantes pour répondre aux besoins des différents secteurs économiques et des consommateurs, notamment dans un contexte marqué par une sécheresse persistante.
Selon Anja du Plessis, professeure agrégée et experte en gestion de l’eau à l’Université d’Afrique du Sud, le manque de planification et de gestion de la demande croissante en eau due à l’augmentation de la population, à la migration et à l’expansion des zones urbaines est l’une des principales causes de la situation actuelle.
Les données de l’Institut sud-africain de génie civil (SAICE) montrent également que la fuite des compétences sud-africaines vers d’autres pays durant les dernières années continue de compromettre la prestation de services d’eau et d’assainissement et la maintenance des infrastructures.