L’UNESCO estime que la transformation des savoirs est cruciale pour permettre à l’Afrique de dépasser les défis persistants en éducation, recherche et innovation, et de réaliser son potentiel en développement durable.
Ce thème a été au centre du Forum international des Chaires et partenaires de l’UNESCO organisé conjointement par la Commission de l’Union Africaine et l’UNESCO du 30 septembre au 2 octobre 2024, rappelle l’Organisation dans un article intitulé « Transformer les savoirs pour l’avenir de l’Afrique », publié jeudi.
Le Forum a réuni des acteurs d’Afrique et d’autres régions, notamment des titulaires de Chaires UNESCO, des décideurs, des leaders de l’enseignement supérieur, des organisations de la société civile et des groupes d’étudiants, précise la même source, ajoutant que le message porté par les participants était clair : les modèles dominants de production, de validation, de distribution et d’utilisation des savoirs en Afrique ne suffisent pas pour répondre à des crises multidimensionnelles.
« Nous devons opérer un changement de paradigme dans la manière dont nous définissions, produisons et utilisons les connaissances en Afrique », a indiqué Stefania Giannini, sous-directrice générale pour l’éducation de l’UNESCO.
« Cela implique de valoriser différents systèmes de connaissances, notamment les systèmes autochtones et locaux, et de donner autant d’importance aux cultures et aux langues africaines qu’aux sciences modernes. Il est également nécessaire de nouer des partenariats de recherche collaborative pour favoriser la coproduction de connaissances », a-t-elle expliqué.
Le continent compte 1,4 milliard de personnes, dont 60% sont âgées de moins de 25 ans, ce qui en fait la région avec la plus grande proportion de jeunes au monde. D’après les prévisions des Nations Unies, citées par l’organisation, la population de l’Afrique pourrait atteindre 2,5 milliards de personnes d’ici 2050, soit un quart de la population mondiale, et représenter près de 40% de la population mondiale d’ici 2100.
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Dans ce contexte, la diversité sociale, culturelle et linguistique de l’Afrique est une « ressource précieuse » pour enrichir la recherche, les sciences, l’éducation et l’apprentissage pour les générations actuelles et à venir, mais elle est encore « trop peu exploitée », constate la même source, ajoutant que l’Afrique se situe ainsi à la croisée des chemins entre le passé et l’avenir, non seulement le sien, mais aussi celui de l’humanité et de la planète.
Le paysage mondial de la recherche reste « géographiquement déséquilibré », indique, en revanche, l’UNESCO. « Il est trop souvent façonné par les objectifs, les méthodologies et les découvertes d’institutions et de chercheurs basés dans des pays à revenu intermédiaire ou élevé », note l’organisation, ajoutant que cette dynamique tend à mettre sur la touche les contributions de l’Afrique et d’autres régions.
Elle estime que seulement 1% de la recherche scientifique mondiale est produite en Afrique, sachant que l’Afrique subsaharienne ne compte que 90 chercheurs par million d’habitants, comparé à la moyenne mondiale de 1.420 chercheurs par habitant, qui monte à 4.746 en Amérique du Nord et en Europe occidentale.
En ce qui concerne les investissements dans la recherche et le développement, en moyenne les pays africains y consacrent un peu moins de 0,59% de leur PIB, tandis que la moyenne mondiale se situe aux alentours de 1,79 %. « Néanmoins, ces données ne sont qu’un reflet partiel de la situation, car elles ne prennent en considération que les sciences et les chercheurs formels et excluent en grande partie les savoirs et les recherches autochtones et locales », précise-t-on.
D’après l’UNESCO, le Forum a été l’occasion d’appeler à un changement de paradigme pour remédier à ce déséquilibre et renforcer les capacités de recherche interdisciplinaire et collaborative en Afrique, notamment au moyen de partenariats de recherche Sud-Sud et Sud-Sud-Nord plus inclusifs et plus efficaces, estimant que la création de nouvelles Chaires UNESCO en Afrique contribuera à corriger ce déséquilibre historique.
Les perspectives qui ont émergé des discussions ayant eu lieu pendant le Forum forment une feuille de route novatrice pour transformer les savoirs, la recherche, l’éducation et les systèmes de développement des compétences dans toute l’Afrique.
Il s’agit notamment de changer de paradigme pour les savoirs, décoloniser les savoirs, la recherche et l’éducation, élargir les définitions de la science et de la recherche, repenser les écosystèmes africains de connaissances et de recherche et soutenir les établissements d’enseignement supérieur, de recherche et les institutions scientifiques et culturelles.