Un rapport de Fitch Solutions publié le 22 octobre 2025 souligne une baisse de 11,1 % du pouvoir d’achat réel des Tunisiens depuis l’élection de Kais Saied, illustrant la dégradation du niveau de vie et la persistance des déséquilibres économiques.
Ce déclin témoigne de la difficulté du pays à contenir la hausse des prix, à relancer la croissance et à améliorer les conditions de vie, malgré les promesses répétées de politiques « centrées sur le social ».
Le rapport souligne une anomalie structurelle : la croissance du PIB, limitée à environ 2 % par an, reste inférieure à celle de la consommation des ménages, estimée à 3,8 % en moyenne annuelle. Cette tendance traduit une économie vivant « au-dessus de ses moyens », selon Fitch, avec une propension à consommer supérieure à la capacité d’épargne. La hausse des dépenses courantes, combinée à la stagnation des revenus, accentue la vulnérabilité financière des foyers, notamment face aux chocs inflationnistes.
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Sept ans après l’arrivée au pouvoir de Kais Saied, le taux de chômage demeure supérieur à son niveau de 2019. Fitch pointe une absence de stratégie cohérente en matière de création d’emplois et de relance du secteur privé. Le projet d’« entreprises communautaires », lancé en 2021, n’aurait pas produit d’impact tangible sur l’emploi ou la croissance. Les économistes de l’agence estiment que les incitations fiscales et les politiques budgétaires manquent de lisibilité et de cohérence pour stimuler l’investissement productif.
Fitch Solutions observe également un décalage entre les postes de dépense et les priorités sociales. En 2025, les dépenses non essentielles (tabac, alcool, restauration, internet) représentent près de 9 % du budget des ménages, tandis que les dépenses liées à l’éducation ne dépassent pas 1,2 %. Le tabac à lui seul absorbe 4,9 milliards de dinars tunisiens (soit environ 1,4 milliard d’euros) en 2025, en hausse annuelle de 11 %. La dépense moyenne en chaussures atteint 463 dinars par personne et par an, un niveau jugé « disproportionné » par les auteurs du rapport au regard du faible revenu disponible.
Sur les 3 334 ménages étudiés, Fitch évalue le revenu moyen annuel à 30 765 dinars (environ 9 300 euros), mais le revenu disponible par habitant après impôts chute à 10 092 dinars. En 2025, 95 % des ménages tunisiens disposent d’un revenu annuel inférieur à 10 000 dollars, tandis que seuls 2 % dépassent les 50 000 dollars. Les plus pauvres, représentant près d’un cinquième de la population (environ 2,4 millions de personnes), perçoivent moins de 5 000 dollars par an.
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