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Trump coupe les aides à la BAD et fragilise l’influence américaine en Afrique

Coup de tonnerre sur les relations économiques entre les États-Unis et l’Afrique. Dans la dernière mouture de son projet de budget 2026, la Maison Blanche dirigée par Donald Trump signe la fin d’un partenariat stratégique vieux de plusieurs décennies en annonçant le retrait total du financement américain à la Banque africaine de développement (BAD). Une décision brutale, aux allures de divorce, qui prive l’institution panafricaine de 555 millions de dollars, soit l’intégralité de la contribution des États-Unis à son fonds concessionnel.

Derrière cet acte politique, une vision assumée par l’administration Trump : tourner le dos aux institutions multilatérales qu’elle accuse d’être gangrenées par des agendas « idéologiques » centrés sur le climat, l’égalité des genres ou la gouvernance démocratique. Des priorités jugées par Washington comme contraires aux « intérêts économiques » américains. La Maison Blanche entend désormais concentrer ses efforts sur des mécanismes bilatéraux à forte rentabilité, en s’appuyant sur la Development Finance Corporation (DFC), bras armé de l’investissement privé américain à l’international.

En Afrique, les répercussions d’une telle décision s’annoncent redoutables. Pilier financier pour les 37 pays les plus pauvres du continent, la BAD est un levier essentiel du développement en Afrique subsaharienne. Depuis des décennies, elle accompagne des projets structurants dans l’agriculture, les infrastructures, la santé ou encore l’accès à l’énergie. En amputant la banque panafricaine d’un de ses plus importants contributeurs, les États-Unis compromettent la mise en œuvre de dizaines de programmes vitaux pour des millions de bénéficiaires, notamment dans les zones rurales les plus fragiles.

Lire aussi : Les Assemblées annuelles de la BAD du 26 au 30 mai à Abidjan

« C’est une catastrophe silencieuse qui se prépare », confie un expert du développement sous couvert d’anonymat. Car au-delà de l’impact financier immédiat, le retrait américain pourrait déclencher un effet domino. D’autres donateurs, à l’instar du Japon ou de certains pays européens, pourraient revoir à la baisse leurs propres engagements, déséquilibrant l’ensemble de l’architecture financière de la BAD.

Le timing de cette décision, alors que les besoins en financement de l’Afrique atteignent des sommets – estimés à plus de 200 milliards de dollars par an pour atteindre les Objectifs de développement durable – laisse perplexe. En se retirant de la BAD, Washington se prive d’un instrument stratégique d’influence sur les choix de développement du continent africain. Un terrain laissé vacant que Pékin, les pays du Golfe ou d’autres puissances émergentes pourraient rapidement occuper, confortant leur emprise sur les économies africaines.

Plus qu’une ligne budgétaire rayée, c’est une rupture géopolitique majeure que consacre cette décision. Elle illustre une reconfiguration des priorités américaines où l’Afrique ne semble plus être un partenaire de développement, mais une arène de compétition commerciale et stratégique. Une orientation qui risque de fragiliser encore davantage les pays africains les plus vulnérables, laissés face à une équation impossible : financer seuls leur développement ou se tourner vers d’autres partenaires, au risque de brader leurs intérêts à long terme.

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