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Trafic de véhicules : Interpol remonte les filières d’un crime mondialisé jusqu’en Afrique de l’Ouest

Sous le nom de code « Safe Wheels », l’opération d’Interpol s’est révélée implacable. Entre le 17 et le 30 mars, les forces de l’ordre de douze pays d’Afrique de l’Ouest, agissant de concert avec des experts internationaux, ont procédé à une série de contrôles ciblés sur les routes, aux postes-frontières et dans les ports. Résultat : près de 150 véhicules volés, principalement en Europe et au Canada, ont été localisés, et 75 ont été saisis. Une saisie massive qui n’est que la partie émergée d’un iceberg criminel bien ancré dans les rouages du crime organisé transnational.

Cette opération d’envergure illustre la montée en puissance d’un fléau longtemps sous-estimé : le trafic transfrontalier de véhicules volés, véritable manne pour les réseaux criminels. Du Bénin au Sénégal, du Nigéria au Cap-Vert, les autorités locales ont coopéré dans une rare synergie régionale, renforçant les contrôles terrestres et maritimes dans une zone particulièrement poreuse aux trafics illicites. À Lagos, capitale économique nigériane, les douaniers ont découvert six véhicules dissimulés dans des conteneurs venus du Canada. Tous avaient été signalés volés début 2024.

Le trafic n’est pas anodin. Toyota, Peugeot, Honda : les marques les plus représentées parmi les véhicules saisis témoignent de l’organisation méticuleuse des filières. Si le vol constitue la première étape, le parcours criminel ne fait ensuite que s’intensifier. « Chaque année, des centaines de milliers de véhicules sont volés dans le monde, mais le vol initial n’est souvent que le début du voyage d’un véhicule dans le monde criminel mondial », alerte David Caunter, directeur de la criminalité organisée et émergente à Interpol.

Derrière ces vols se cache un système structuré : les voitures sont revendues, échangées contre de la drogue, des armes, voire utilisées pour financer des activités terroristes. Interpol, dans un communiqué, ne laisse aucun doute sur la gravité du phénomène. L’organisation policière internationale évoque des ramifications allant jusqu’aux groupes terroristes opérant dans le Sahel, pour qui ces véhicules servent de ressources logistiques et financières.

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Deux groupes criminels organisés ont été formellement identifiés au terme de l’opération, et 18 nouvelles enquêtes ont été ouvertes. L’action d’Interpol ne se limite donc pas à des saisies ponctuelles : elle vise à déstabiliser des filières entières, souvent liées à des cartels transcontinentaux qui recyclent des véhicules volés dans des circuits aussi opaques qu’efficaces.

Une menace récurrente

Ce n’est pas la première alerte. En janvier 2024, l’opération « Screen West Africa » avait déjà permis la récupération de plus d’une centaine de véhicules de luxe volés, confirmant l’ancrage du trafic dans l’économie souterraine ouest-africaine. Selon les chiffres actualisés de la base de données VMS (Vehicle Monitoring System) d’Interpol, 270 000 véhicules ont été enregistrés comme volés dans le monde en 2024. Un chiffre glaçant, reflet d’un marché noir en pleine expansion.

Ce commerce illicite s’inscrit dans un contexte plus large : celui d’une criminalité mondialisée, mobile, numérique et interconnectée, dont les ramifications s’étendent bien au-delà de la simple contrebande. Les véhicules volés deviennent des instruments de blanchiment, des outils logistiques ou des monnaies d’échange dans des trafics plus vastes.

Interpol entend donc prolonger son action. L’opération Safe Wheels, au-delà de son efficacité tactique, est un signal fort : la coopération policière internationale reste l’unique rempart face à des réseaux qui ignorent les frontières. Dans une région encore fragilisée par l’instabilité sécuritaire, cette mobilisation est stratégique, car elle souligne que le crime organisé n’est jamais statique – il se déplace, s’adapte et infiltre les économies émergentes.

Agences