Le gouvernement tchadien a officialisé, le 29 mai 2025, un ambitieux plan stratégique baptisé « Tchad Connexion 2030 », destiné à transformer l’économie nationale sur une période de six ans. Ce Plan national de développement (PND), validé en Conseil des ministres, nécessite une mobilisation de 18 000 milliards de FCFA – soit environ 30 milliards de dollars – pour financer 241 projets et réformes structurantes.
Présenté comme une feuille de route pour repositionner le Tchad au cœur des dynamiques régionales, le plan vise à faire du pays un carrefour stratégique en Afrique centrale et sahélienne. Il repose sur trois piliers : la connexion territoriale, la valorisation du potentiel économique national, et l’intégration régionale.
Gassim Cherif Mahamat, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, a affirmé que le plan repose sur un concept de connexion à la géographie intérieure et extérieure, au patrimoine historique et au potentiel économique du Tchad.
D’ici 2030, le gouvernement entend :
- Donner accès à l’eau potable à 11 millions de personnes supplémentaires
- Porter le taux d’électrification national à 60 %, et à 90 % dans les zones urbaines, en misant sur l’énergie solaire
- Étendre la couverture internet à 80 % du territoire
- Faire grimper les taux de scolarisation à 80 % dans le primaire et 60 % dans le secondaire
- Augmenter l’espérance de vie moyenne à 60 ans, contre 53 ans pour les hommes et 55 ans pour les femmes en 2024
Ces objectifs sont perçus par plusieurs analystes comme très ambitieux, voire irréalistes, dans un pays où les indicateurs sociaux restent parmi les plus faibles du continent et où les défis logistiques, climatiques et sécuritaires sont nombreux.
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Le deuxième pilier du plan concerne la transformation structurelle de l’économie, en misant sur le développement agricole et minier. Le gouvernement prévoit de doubler le PIB agricole en stimulant la production et la transformation, de développer une industrie d’exportation dans le secteur de l’élevage, et de faire passer la contribution du secteur minier à 5 % du PIB d’ici 2030.
Par ailleurs, l’environnement est identifié comme une priorité stratégique. Le plan prévoit une adaptation des territoires aux effets du changement climatique, notamment dans le bassin du lac Tchad, l’un des écosystèmes les plus fragiles du pays.
Si l’ambition est claire, la stratégie de financement reste encore floue. Aucun détail n’a été donné par le gouvernement sur les mécanismes concrets de mobilisation des 30 milliards de dollars nécessaires.
Le Tchad compte néanmoins sur l’appui de ses partenaires techniques et financiers, ainsi que sur l’investissement privé. À ce jour, un soutien partiel est acquis : en 2024, le Fonds Monétaire International (FMI) avait approuvé un prêt de 650 millions de dollars, dans le cadre d’un nouveau programme de quatre ans soutenu par une Facilité élargie de crédit (FEC). Une partie de ces fonds sera affectée à la mise en œuvre du PND.