Dans un contexte de guerre civile persistante et d’isolement diplomatique croissant, Abdel Fattah al-Burhan, chef de l’armée soudanaise et président du Conseil de souveraineté de transition, a nommé ce lundi Kamil Idris, ancien haut fonctionnaire de l’ONU, au poste de premier ministre. Une première depuis le coup d’État militaire de 2021, qui avait mis fin à la transition civile. Cette nomination soulève autant de questions qu’elle n’en résout, tant sur le plan de la légitimité politique que sur celui de l’avenir du processus de transition au Soudan.
Selon les médias internationaux, il n’est pas encore clair quelles seront les prérogatives réelles du nouveau premier ministre, alors que l’armée est toujours engagée dans une guerre dévastatrice contre les Forces de soutien rapide (RSF), groupe paramilitaire. La nomination de Kamil Idris intervient moins d’un mois après que Burhan a désigné le diplomate Dafallah al-Haj Ali comme premier ministre par intérim, une décision restée sans impact visible.
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Contrairement aux figures politiques traditionnelles, souvent issues des partis historiques ou liées aux milices, Kamil Idris bénéficie de l’image d’un acteur neutre, extérieur aux clivages internes. Son parcours au sein des institutions onusiennes pourrait favoriser une reprise du dialogue avec certains acteurs régionaux, tels que l’Éthiopie ou les Émirats arabes unis, dont l’implication dans le conflit reste indirecte mais influente. Sa nomination s’inscrit dans une stratégie de “civilisation” apparente du pouvoir militaire, conformément aux amendements constitutionnels de février 2025, qui prévoyaient l’instauration d’un “gouvernement de guerre” ou d’un cabinet technocratique.