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Soudan du Sud : L’ONU dénonce le détournement de milliards de dollars au détriment des services publics

Le Soudan du Sud, indépendant depuis 2011, fait face à une crise structurelle aggravée par une corruption systémique. Un rapport de la Commission des droits de l’homme de l’ONU, rendu public le 16 septembre 2025, analyse la manière dont les revenus pétroliers et les budgets publics sont détournés au détriment des besoins fondamentaux des citoyens.

La Commission des droits de l’homme de l’ONU pour le Soudan du Sud, créée en 2016 par le Conseil des droits de l’homme, a publié le 16 septembre 2025 un rapport intitulé « Piller une nation : comment la corruption rampante a déclenché une crise de droits humains au Soudan du Sud ». Ce document repose sur deux années d’enquête menées à Addis-Abeba et à Nairobi à travers des entretiens, l’analyse de documents officiels et l’examen de données financières.

L’un des constats majeurs concerne les revenus pétroliers qui ont dépassé les 25,2 milliards de dollars depuis l’indépendance en 2011. Selon la Commission, ces fonds n’ont presque jamais été consacrés aux services essentiels. De même, le rapport mentionne également un programme intitulé « Pétrole contre routes » qui a permis de détourner environ 2,2 milliards de dollars hors budget au profit de sociétés liées à des responsables politiques. Entre 2021 et 2024, 1,7 milliard de dollars a été versé à des entreprises affiliées au vice-président Benjamin Bol Mel, nommé en février 2025, pour des infrastructures routières dont la plupart n’ont pas été réalisées.

En parallèle, l’analyse des allocations budgétaires entre juillet 2020 et juin 2024 confirme ces déséquilibres. Le ministère des Affaires présidentielles a bénéficié de 557 millions de dollars, soit 584 % de plus que son budget initial. À l’inverse, le ministère de la Santé n’a perçu que 29 millions de dollars, ce qui représente 19 % de son allocation prévue. Le ministère de l’Agriculture et de la Sécurité alimentaire n’a obtenu que 11 millions de dollars, soit 7 % de son budget, tandis que le ministère du Genre et de la Protection sociale a reçu seulement 3,7 millions de dollars sur quatre ans.

Le rapport indique aussi que 69,4 % des habitants se trouvent, aujourd’hui, en situation d’insécurité alimentaire. Le pays occupe également les dernières places de l’Indice de développement humain du Programme des Nations unies pour le développement ainsi que de l’Indice de perception de la corruption de Transparency International.

En outre, la Commission, présidée par Yasmin Sooka, affirme que la corruption systémique est le moteur du déclin du pays et que les souffrances des civils sont liées à la captation des revenus publics par une élite politique. Un autre membre, Carlos Castresana Fernández, souligne que ces détournements ne relèvent pas seulement d’échecs administratifs, mais se traduisent par des décès évitables, une malnutrition étendue et un accès limité à l’éducation.

Lire aussi: L’économie sud-africaine risque une « spirale négative » (rapport)

Le rapport met aussi en garde quant à l’avenir de l’accord de paix revitalisé signé en 2018. Les experts estiment qu’il se trouve à un point de rupture, notamment en raison de l’accumulation des scandales de corruption et de la récente détention du premier vice-président Riek Machar.

Face à ces accusations, le gouvernement de Djouba, par la voix du ministre de la Justice M. Joseph Geng, a contesté les données avancées. Il considère qu’elles sont exagérées et attribue les difficultés économiques au conflit armé, aux effets du changement climatique et à la baisse des recettes pétrolières.

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