L’Afrique est appelée à définir non seulement sa réponse à la transition énergétique mondiale, mais aussi la manière dont elle mène cette transition et comment elle se positionne pour réaliser la croissance inclusive, l’industrialisation et le développement durable, dans le cadre de l’Agenda 2063 de l’Union africaine, ont indiqué, vendredi au Cap (1470 km de Pretoria), des participants au premier Sommet africain sur l’hydrogène vert.
«L’Afrique devrait aborder le débat énergétique avec une approche plus alignée, coordonnée, ambitieuse et guidée par des motivations souveraines et continentales de développement, tout en adhérant aux principes de responsabilités multilatérales», soutiennent des intervenants à ce rassemblement Initié sous le thème «Libérer le potentiel de l’hydrogène vert de l’Afrique pour une croissance durable».
Notant que le complexe énergétique est devenu un élément essentiel de l’orientation géopolitique mondiale, un outil de diplomatie économique et une arme de discrimination commerciale et de traitement préférentiel, ils estiment que ce complexe énergétique en pleine évolution offre des opportunités inégalées au continent et à ses populations. «Le fait que le continent abrite des ressources minérales qui soutiendront sa transition, notamment des ressources énergétiques renouvelables inégalées, le place au cœur d’un avenir énergétique réinventé», soulignent-ils.
C’est dans ce context, ajoutent-ils, que l’hydrogène vert doit être perçu non seulement comme un carburant propre, mais aussi comme un levier stratégique de la transformation structurelle de l’Afrique, tant il offre le potentiel de repositionner le continent au sein des chaînes de valeur mondiales, non pas comme exportateur de matières premières, mais comme acteur industriel compétitif.
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Des orateurs expliquent, à cet égard, qu’exploité stratégiquement, l’hydrogène vert peut ancrer de nouveaux écosystèmes industriels, de l’acier et des engrais verts à la mobilité durable et aux carburants de synthèse, relevant que ces possibilités sont à portée de main, à condition de concevoir des cadres politiques qui localisent la valeur, approfondissent le commerce intra-africain et orientent les flux d’investissement vers les infrastructures, les compétences et le transfert de technologies.
Plus fondamentalement, notent-ils, cette source d’énergie offre l’opportunité d’inverser la logique de dépendance qui a historiquement défini l’insertion de l’Afrique dans l’économie mondiale. Au lieu de renforcer les modèles extractifs, l’Afrique peut montrer la voie avec un programme de valorisation, d’intégration régionale et de développement industriel souverain, soutiennent-ils encore, estimant que cela exigera des pays africains de rejeter les approches nationales cloisonnées au profit de cadres régionaux coordonnés, en tirant parti de plateformes telles que la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), le Programme de développement des infrastructures en Afrique (PIDA) et, plus important encore, l’Agenda 2063 de l’UA.
Et d’ajouter que ces cadres offrent l’échafaudage institutionnel pour un marché commun de l’énergie et des régimes réglementaires harmonisés qui peuvent attirer des capitaux à long terme.
Le premier Sommet africain sur l’hydrogène vert a entamé ses travaux, jeudi au Cap, en Afrique du Sud, avec pour objectif de mettre en valeur le potentiel de l’Afrique en matière de production d’hydrogène vert et les opportunités d’investissement et de partenariats stratégiques dans ce domaine.
Ce sommet innovant réunit des ministres africains de l’Energie, des décideurs politiques, des investisseurs, des institutions de recherche et des experts en énergie pour façonner le secteur émergent de l’hydrogène vert sur le continent.