En marge de la 17e édition du Salon International de l’Agriculture au Maroc (SIAM), le Ministère de l’Agriculture, de la Pêche Maritime, du Développement Rural et des Eaux et Forêts a organisé une Conférence Internationale de Haut Niveau consacrée à la « Gestion de l’eau pour une agriculture durable et résiliente ». L’événement, tenu ce mardi à Meknès, a réuni près de trente délégations étrangères, représentées par des ministres et chefs de mission venus partager leur expérience et leur vision en matière de gouvernance hydrique et d’adaptation agricole face aux changements climatiques.
La session inaugurale a été présidée par M. Ahmed El Bouari, ministre en charge de l’agriculture, en présence de plusieurs personnalités de premier plan. Parmi elles figuraient M. Nizar Baraka, ministre de l’Équipement et de l’Eau du Maroc, M. Benjamin Haddad, ministre délégué français chargé de l’Europe, M. Francesco Lollobrigida, ministre italien de l’Agriculture, de la Souveraineté Alimentaire et des Forêts, ainsi que M. Loïc Fauchon, président du Conseil Mondial de l’Eau. Ensemble, ils ont dressé un état des lieux des défis liés à la rareté de l’eau, à la pression climatique croissante et à la nécessité d’agir collectivement.
Cette conférence s’est imposée comme un véritable carrefour stratégique de dialogue et d’échange sur les politiques de gestion intégrée de l’eau et les solutions innovantes en matière d’irrigation. En marge des expositions du SIAM, elle a mis en lumière la place centrale qu’occupe l’eau dans la construction d’un modèle agricole résilient, inclusif et durable.
Dans son discours d’ouverture, M. El Bouari a rappelé que cette initiative s’inscrit pleinement dans le cadre des grandes orientations de la stratégie « Génération Green 2020-2030 » et du « Programme National d’Approvisionnement en Eau Potable et d’Irrigation 2020-2027 ». Il a souligné que la mobilisation et la valorisation durable de l’eau agricole sont désormais des impératifs incontournables, à l’heure où l’agriculture marocaine se trouve confrontée à des aléas climatiques de plus en plus marqués. Le ministre a également invoqué le discours prononcé par Sa Majesté le Roi Mohammed VI à l’occasion de la Fête du Trône, le 29 juillet 2024, appelant à une refonte stratégique de la politique de l’eau afin d’en garantir l’accès équitable et de répondre à 80 % des besoins en irrigation, quelles que soient les circonstances hydrologiques futures.
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Le programme de la conférence a été structuré autour de deux panels thématiques majeurs. Le premier a exploré l’alliance Eau-Agriculture comme levier d’adaptation au changement climatique, tandis que le second s’est penché sur les stratégies intégrées et les innovations technologiques destinées à optimiser la gestion de l’eau dans les filières agricoles. Ces débats ont permis de croiser les approches, de partager les expériences réussies et de formuler des recommandations concrètes pour renforcer la résilience des territoires agricoles.
Les discussions ont mis en évidence la nécessité d’une gouvernance plus fine et concertée des ressources en eau, fondée sur une approche territoriale, des instruments de financement adaptés et une coopération renforcée entre institutions publiques, secteur privé et communautés agricoles. De nombreuses pistes ont également été évoquées concernant l’exploitation des données climatiques, l’usage raisonné des nappes phréatiques, et l’introduction de pratiques culturales innovantes.
Point d’orgue de la rencontre, la signature de deux conventions bilatérales est venue concrétiser l’engagement du Royaume dans ce domaine stratégique. La première convention, signée par les ministres Ahmed El Bouari et Nizar Baraka, porte sur la gestion participative de la nappe phréatique de Fès-Meknès. Elle vise à instaurer un cadre d’action concerté impliquant l’ensemble des parties prenantes — pouvoirs publics, usagers, agriculteurs et acteurs économiques — pour garantir un équilibre durable entre préservation de l’écosystème et satisfaction des besoins en eau des secteurs agricole, industriel et urbain.
La deuxième convention, quant à elle, porte sur la coopération entre les ministères de l’Agriculture et de l’Équipement en matière d’agriculture, de météorologie et de climat. Elle prévoit un échange renforcé de données, d’informations et d’expertises techniques, ainsi que le développement de services climatiques sur mesure pour les exploitants agricoles. Ce partenariat entend également renforcer les capacités des acteurs locaux afin de mieux anticiper les risques liés à la variabilité climatique et de promouvoir une agriculture intelligente face au climat.
Par son ampleur et la qualité de ses échanges, cette conférence confirme la place centrale qu’occupe désormais la gestion de l’eau dans les politiques publiques agricoles du Royaume. Elle marque aussi une étape supplémentaire dans la construction d’un leadership régional du Maroc sur les questions de sécurité hydrique et de résilience climatique, au moment où la planète cherche de nouvelles voies pour assurer la souveraineté alimentaire dans un contexte environnemental incertain.