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Sénégal : Un dialogue national « en temps de paix » pour refonder le système politique

À l’heure où le Sénégal consolide sa place parmi les démocraties stables du continent africain, le président Bassirou Diomaye Faye a lancé une initiative en convoquant un dialogue national sur le système politique, prévu du 28 mai au 4 juin 2025. Il a désigné le Dr Cheikh Guèye comme facilitateur général de cette concertation, intitulée « En temps de paix ». Ce dialogue marque un moment important, témoignant d’une volonté renouvelée d’adapter les institutions aux exigences démocratiques contemporaines.

Contrairement à nombre de pays du continent où les réformes constitutionnelles surviennent souvent dans un contexte de crise ou de rupture, le Sénégal choisit la voie du dialogue en période de stabilité. Cette approche préventive permet d’engager une refonte réfléchie et inclusive, loin des tensions électorales. Depuis l’adoption du Code électoral consensuel de 1992, le pays a su préserver une tradition de concertation entre les forces vives de la nation, fondée sur l’écoute, le compromis et le respect mutuel.

La stabilité institutionnelle, illustrée par trois alternances pacifiques (2000, 2012, 2024), n’empêche pas les tensions. A cet effet, la participation d’acteurs politiques majeurs comme Khalifa Sall et le Parti socialiste atteste d’une volonté générale de ne pas laisser passer cette opportunité de refonte démocratique.

Les axes de réforme : entre urgences électorales et modernisation institutionnelle

Le dialogue est structuré autour de trois axes majeurs : démocratie et libertés fondamentales, processus électoral, réformes institutionnelles. Les points à l’ordre du jour ne sont pas anecdotiques. Au cœur des discussions, plusieurs réformes envisagées viennent interroger les piliers mêmes de la légitimité démocratique. Elles portent notamment sur la transparence du processus électoral, avec le débat autour du remplacement de la CENA (Commission électorale nationale autonome) par une CENI (Commission électorale nationale indépendante) ; sur le parrainage citoyen qui, bien qu’assurant une certaine représentativité, est critiqué pour son potentiel discriminatoire ; sur l’inscription automatique sur les listes électorales via la carte biométrique CEDEAO, une innovation censée élargir la participation démocratique ; ou encore sur le vote des détenus, un sujet sensible mêlant droits civiques et principes républicains.

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À cela s’ajoutent des réformes de fond, notamment le statut de l’opposition, la rationalisation du calendrier républicain, le financement des partis, le rôle de la justice dans les scrutins… Autant de thématiques qui visent à consolider la démocratie sénégalaise dans un contexte d’attentes citoyennes accrues.

La question centrale demeure : ce dialogue débouchera-t-il sur une véritable refondation du système politique sénégalais ou ne sera-t-il qu’un simple ajustement ? Si les recommandations finales, telles aspirées, se traduisent par des lois effectives, une redéfinition du rôle des institutions et une amélioration tangible du processus électoral, alors cette initiative aura marqué une avancée significative pour la démocratie sénégalaise surtout en perspective des élections territoriales de 2027, puis les grandes échéances de 2029 (présidentielle et législatives).

Ce dialogue national en temps de paix constitue un tournant dans la maturation politique du Sénégal. Il rappelle que la démocratie ne se limite pas aux élections, mais repose sur des institutions justes, une participation équitable, une confiance collective dans les règles du jeu.

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