20.7 C
Casablanca
spot_img
AccueilDiplomatie & PolitiqueSahel : l’UE en quête d’un partenariat plus respectueux des souverainetés locales

Sahel : l’UE en quête d’un partenariat plus respectueux des souverainetés locales

L’Union européenne (UE) redéfinit sa coopération avec le Sahel. En visite à Ouagadougou, Joâo Gomes Cravinho, représentant spécial de l’UE pour le Sahel, a annoncé une nouvelle approche plus en phase avec les réalités locales et les attentes des populations. Cette initiative intervient dans un contexte de réajustement des relations entre l’Union européenne et les pays membres de l’Alliance des États du Sahel, à savoir le Burkina Faso, le Mali et le Niger.

Le représentant spécial de l’UE pour le Sahel, Joâo Gomes Cravinho, a déclaré, le lundi 12 mai, que l’UE souhaite adopter une nouvelle approche de coopération, davantage respectueuse des réalités locales et en phase avec les aspirations des peuples des pays membres de l’Alliance des États du Sahel (AES), selon les médias.

Dans le cadre d’une série d’échanges visant à redéfinir la coopération de l’UE avec les pays du Sahel, notamment les trois États membres de l’AES, Joâo Gomes Cravinho a été reçu en audience à Ouagadougou par le ministre de l’Économie et des Finances du Burkina Faso, M. Aboubakar Nacanabo. Lors de cette rencontre, il a salué la qualité des relations de coopération entre l’Union européenne et le Burkina Faso, soulignant un partenariat historique et multiforme.

Lors de cet entretien, le ministre de l’Économie et des Finances a saisi l’opportunité pour insister auprès de l’UE sur la nécessité de prendre en compte la souveraineté du Burkina Faso, ses priorités nationales ainsi que ses choix politiques dans la définition et la mise en œuvre des projets de coopération. Il a souligné l’importance d’un réexamen des modalités de mise en œuvre des conventions de coopération, afin de placer l’État burkinabè au cœur de la réalisation des projets financés par l’UE. Cela permettrait d’assurer une meilleure appropriation, une efficacité accrue et une redevabilité renforcée vis-à-vis des citoyens.

Lire aussi : Le Nigeria appelle le Ghana à rejoindre le projet gazier panafricain

Dans ce contexte, les tensions entre les pays de l’Alliance des États du Sahel (AES) et l’Union européenne trouvent leurs origines dans plusieurs facteurs. L’AES a officiellement quitté la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) en janvier 2025, dénonçant une organisation qu’elle accuse d’ingérence et d’influence excessive de puissances extérieures, notamment occidentales. Cette décision a été motivée par les sanctions et les pressions exercées par la CEDEAO suite aux coups d’État successifs dans les trois pays membres (Mali en 2020 et 2021, Burkina Faso en 2022, Niger en 2023).

Par ailleurs, l’AES revendique une politique étrangère commune centrée sur la souveraineté, le rejet de l’ingérence extérieure et la construction d’une coopération régionale indépendante. Cette approche est illustrée par des initiatives telles que la mise en place d’un passeport biométrique commun, la création d’une banque d’investissement régionale et la fondation d’une chaîne de télévision. Cette dynamique s’accompagne également d’un rapprochement avec des partenaires non occidentaux, notamment la Russie, ce qui complique davantage la relation avec l’UE.

Malgré la reconnaissance symbolique par certains pays européens du nouveau passeport AES, les relations diplomatiques demeurent tendues. Depuis 2022, les trois pays ont successivement exigé le départ des troupes françaises, partenaire historique de la région, et ont scellé des partenariats militaires avec la Russie. Ces évolutions ont alimenté un climat de méfiance et de défiance à l’égard de l’Union européenne.

Articles récents