Sahel: la crise du Covid-19 est sans incidence sur les opérations militaires anti-terroristes

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La crise du Covid-19 reste pour l’instant sans incidence sur le déroulement et l’efficacité des opérations militaires visant les groupes terroristes dans la région africaine du Sahel, a affirmé le Président nigérien, Mahamadou Issoufou, dont le pays fait partie du G5-Sahel (Burkina Faso, Tchad, Mali, Mauritanie et Niger).

« Dans l’immédiat, cette crise n’a pas eu de conséquences sur le développement des opérations militaires menées par la force conjointe du G5-Sahel, la force du Barkhan, par les armées nationales, et la force mixte multinationale au Sahel, notamment dans la zone des ‘trois frontières’ (où se rencontrent, sans délimitation physique, les territoires du Mali, du Burkina et du Niger), et dans le bassin du Lac Tchad », a déclaré le Président Issoufou lors d’une table ronde virtuelle organisée mardi par le centre de réflexion new-yorkais « New York Forum Institute ».

« Nos forces de défense et de sécurité prennent de plus en plus l’ascendant sur les terroristes », a-t-il affirmé, lors de cette conférence organisée sous le thème « Pour un monde résilient : l’appel de l’Afrique en faveur d’une nouvelle gouvernance mondiale ».

Le Président nigérien a également estimé que la mise en place de la coalition Sahel de lutte contre le terrorisme, décidée en janvier dernier lors du sommet de Pau par le G5-Sahel et la France, permettra de « conforter cette tendance » à travers notamment le démarrage de l’opération Takouba, qui sera formée par les forces spéciales européennes, et par le démarrage également des forces en attente de la CEDEAO et de l’Union africaine.

« Nous souhaitons, bien sûr, la participation de davantage de pays à la coalition Sahel qui est bâtie autour de quatre piliers : l’intensification de la lutte contre le terrorisme, le renforcement des capacités militaires des pays du G5-Sahel, le retour de l’Etat et de l’administration dans les zones sous menace terroriste, et le développement économique et social », a ajouté M. Issoufou.

Evoquant l’impact de la crise du Covid-19 sur les pays du Sahel, le Président nigérien a souligné que la pandémie est porteuse de « graves conséquences socio-économiques, telles que la récession, le chômage, et l’accentuation de la pauvreté notamment sur le nombre de personnes souffrant de la faim ».

Cette crise « aura donc des conséquences certaines sur la sécurité », a-t-il averti, tout en lançant un appel à la communauté internationale pour la solidarité avec le Sahel « qui va connaitre une triple crise sécuritaire, sanitaire et économique ».

En effet, plusieurs agences humanitaires des Nations-Unies ont sonné l’alerte récemment sur la crise dans la région du Sahel où la situation se détériore à grande vitesse, notamment en raison de la crise du Covid-19.

Selon l’ONU, cette crise entraine des besoins humanitaires à travers la région à des niveaux sans précédent, la plupart résultant de l’intensification des conflits, de l’insécurité alimentaire croissante, des inégalités structurelles et des conséquences directes et indirectes de la pandémie, telles que la montée de la violence sexiste.

En 2020, 24 millions de personnes à travers la région du Sahel, dont la moitié sont des enfants, ont besoin d’une assistance et d’une protection vitales, le nombre le plus élevé jamais enregistré.

En raison de la violence généralisée et des catastrophes naturelles, 6,9 millions de personnes sont confrontées aux conséquences désastreuses des déplacements forcés. Plus de 4,5 millions de personnes sont déplacées à l’intérieur de leur pays ou réfugiées – soit un million de plus qu’en 2019, et 2,5 millions de retournés luttent pour reconstruire leur vie.