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Sahel : croissance solide mais potentiel encore sous-exploité

+ 4,8 % :c’est le taux de croissance économique moyen par an enregistré dans le Sahel depuis 2010. En effet, entre 1990 et 2024, le PIB du Sahel a quadruplé. Selon les médias, la région affiche un taux de croissance économique parmi les plus élevés d’Afrique. Le PIB combiné des pays du Sahel est estimé à 70 milliards de dollars, regroupant un ensemble d’entrepreneurs dynamiques qui constituent le tissu économique de la région. Le Sahel recèle d’importantes richesses, notamment dans les industries extractives, les énergies renouvelables et l’agroalimentaire. L’agro-industrie est appelée à devenir un levier de croissance significatif. Mais derrière ces chiffres, un potentiel économique considérable reste à valoriser dans un contexte marqué par le manque d’infrastructures.

Les pays enclavés du Sahel se caractérisent par un endettement modéré, à hauteur de 56 % du PIB en 2020, contre 66 % pour l’ensemble de l’Afrique. Selon les médias, le secteur agricole représente environ 30 % de la valeur ajoutée depuis les années 1990 et emploie plus d’un Sahélien sur deux en moyenne. L’agriculture occupe la première place dans le secteur économique du Sahel, représentant près d’un tiers du PIB et 75 % des emplois. La sous-région est un grand producteur de coton, de céréales et de bétail, et possède un potentiel important en produits horticoles, cultures oléagineuses et noix.

Cependant, selon un rapport de la Banque Mondiale publié en janvier 2025, la croissance reste modeste en raison de la faible diversification et des inondations. Le taux de pauvreté a diminué dans toute la région, sauf au Tchad, où la crise des réfugiés a exacerbé la pauvreté. Pendant ce temps, l’insécurité alimentaire persiste.

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Au Burkina Faso, l’agriculture et les services ont été les principaux moteurs de la croissance, tandis qu’au Mali, la croissance a été tirée par les télécommunications et l’agriculture, en particulier l’industrie du coton. Le secteur industriel du Niger a bénéficié de manière significative de l’oléoduc Bénin-Niger.  Les tendances des prix dans le Sahel central ont varié d’un pays à l’autre. Au Burkina Faso, l’inflation est restée proche de l’objectif de 3 %, à 3,4 %, tandis que le Mali a réussi à maintenir un taux d’inflation encore plus bas de 1,2 %. En revanche, le Niger et le Tchad ont connu des taux d’inflation nettement plus élevés, à 8,5 % et 6,5 % respectivement, bien au-delà de l’objectif de 3 % fixé par leurs unions monétaires régionales. À l’exception du Tchad, le déficit des comptes courants s’est amélioré dans tous les pays de la région, grâce à l’augmentation des exportations de ressources minérales et de produits agricoles. Le déficit du Tchad s’est légèrement creusé en raison d’une augmentation des importations, due aux fortes pressions de la demande intérieure liées à la crise des réfugiés. Les mesures de consolidation budgétaire en cours ont également contribué à réduire le déficit budgétaire dans certains pays du Sahel central.

Mauritanie : Une croissance résiliente malgré un contexte incertain

À mi-parcours de l’année 2025, la Mauritanie, pays riche en ressources naturelles, fait face à des dynamiques économiques contrastées. Le pays a enregistré une croissance économique de 5,2 % en 2024, selon la huitième édition du rapport sur la situation économique 2025 pour la Mauritanie « Renforcer la protection sociale et la résilience économique pour une croissance durable et inclusive », publiée le 19 juin 2025, par le Groupe de la Banque Mondiale. Un chiffre significatif, même s’il marque un recul par rapport à la performance de 6,4 % enregistrée en 2023. Selon le rapport, cette décélération s’explique essentiellement par la baisse de la production extractive et un affaiblissement de la consommation publique.

Malgré ce ralentissement, la performance économique du pays demeure supérieure à la moyenne régionale, ce qui illustre la résilience de l’économie mauritanienne dans un contexte international incertain. D’après le rapport, la politique monétaire plus rigoureuse adoptée par les autorités, conjuguée à la baisse des prix mondiaux des denrées alimentaires et de l’énergie, a permis une diminution notable de l’inflation. Par ailleurs, une gestion prudente des finances publiques a contribué à réduire davantage le déficit budgétaire, traduisant les efforts d’assainissement en cours. Les perspectives économiques à moyen terme restent favorables, avec une croissance de 4,9 % en moyenne. Cependant, le rapport met en garde contre les risques persistants liés à la volatilité des prix des matières premières et aux chocs climatiques.

Concernant les pays de l’Afrique subsaharienne dont le Sahel fait partie, le dernier rapport du Fonds Monétaire International (FMI) sur les perspectives économiques régionales pour l’Afrique subsaharienne, publié en avril 2025 a prévu une croissance du PIB de 4,2 % en 2025, après une progression de 3,6 % en 2024. Cette amélioration est attribuée à l’atténuation des effets des chocs climatiques et à la levée progressive des contraintes d’approvisionnement qui avaient affecté l’agriculture et l’industrie dans plusieurs pays de la région.

Cependant selon la même source, cette croissance reste insuffisante pour répondre aux besoins d’une population en forte augmentation. La région continue de faire face à des défis majeurs, notamment une dette publique élevée et une inflation persistante. Le niveau d’endettement en Afrique subsaharienne atteint près de 58 % du PIB, un record depuis deux décennies. La moitié des économies à faible revenu de la région sont confrontées à des risques élevés de surendettement, voire de défaut de paiement. La raréfaction des sources de financement et la hausse des taux d’intérêt compliquent davantage la situation, obligeant certains pays à réduire les dépenses sociales essentielles.

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