Sahara: La reconnaissance US, un acte porteur de « bénéfices durables » pour la paix dans la région MENA (universitaire)

Sahara-marocain

La reconnaissance américaine de la souveraineté marocaine sur le Sahara « pourrait, à terme, avoir des bénéfices durables pour la paix en Afrique du Nord et au Moyen-Orient », affirme Tarik Oumazzane, professeur d’histoire et de relations internationales à l’Université de Nottingham au Royaume-Uni, spécialiste dans les études sur le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.

Le conflit du Sahara, qui dure depuis 45 ans, perpétue une situation qui « mine le développement économique régional et la coopération politique entre les pays du Maghreb », souligne le chercheur dans une Tribune publiée par le magazine « Jeune Afrique », sous le titre « Maroc, Sahara, Israël : l’opportunité d’une nouvelle donne régionale ».

Après avoir rappelé que la diplomatie américaine estimait, déjà en 2018, que le plan d’autonomie marocain était « sérieux, crédible et réaliste », voilà qu’ »aujourd’hui, elle le juge ouvertement comme la seule proposition sur la table des négociations, ce qui devrait inciter l’Algérie et le Polisario à la reconsidérer”, estime-t-il.

« Cette décision s’inscrit dans une dynamique à l’œuvre depuis plusieurs années », souligne le chercheur, faisant observer que plusieurs pays d’Afrique, du Moyen-Orient et des Caraïbes ont ainsi déjà ouvert des consulats au Sahara pour « montrer leur soutien politique au Maroc sur cette question ».

Mais la reconnaissance américaine, relève Tarik Oumazzane, « constitue, davantage encore, ce que les Américains appellent un « game-changer » [un événement qui change la donne], du fait de son statut dans le monde ». Membre du Conseil de sécurité de l’ONU et de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN), les États-Unis « peuvent ainsi jouer un rôle important dans le règlement du conflit du Sahara », estime-t-il.

A ses yeux, l’ouverture d’un consulat américain à Dakhla attirera les investissements directs étrangers (IDE), ouvrant ainsi la porte à une nouvelle impulsion pour le développement économique régional. Certes, le conflit entrave la croissance économique de la région depuis près d’un demi-siècle. Mais « si l’investissement est encouragé, le Sahara pourrait devenir un pôle économique régional et continental », estime-t-il.

Le Maroc et l’Algérie peuvent aussi envisager d’ouvrir leurs frontières (fermées depuis 1994) et relancer l’Union du Maghreb avec une intégration potentielle à d’autres organisations régionales africaines, comme la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), note ce spécialiste dans les études sur le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.

En outre, en ce qui concerne le Moyen-Orient, avec sa décision qui « n’est en rien inédite » de reprendre les relations avec Israël, le Royaume du Maroc « jouit d’une position unique pour jouer un rôle central dans le processus de paix au Moyen-Orient », affirme le chercheur.

Rappelant que le Maroc possède une connexion juive “ancienne et profonde”, Tarik Oumazzane estime que cette particularité peut être mise à profit. « Le Maroc peut se connecter avec les Juifs marocains en Israël pour combler le fossé entre Palestiniens et Israéliens”, souligne-t-il.

De même que le statut de SM le Roi, Commandeur des croyants, sa position de chef du Comité d’Al-Qods et ses bonnes relations avec l’Autorité palestinienne “renforcent sa légitimité en tant qu’intermédiaire de la paix au Moyen-Orient”, affirme le chercheur.

Et de conclure que « la reconnaissance américaine de la souveraineté marocaine sur le Sahara et le redémarrage des relations entre le Maroc et Israël pourraient favoriser un type de paix qui irait au-delà de l’absence de guerre et créer ainsi les conditions d’une coopération politique et économique entre plusieurs acteurs du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord ».

source : FAAPA