Rwanda : une figure majeure du génocide de 1994 condamnée à perpétuité

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L’ancien maire de Nyakizu, dans le Sud du Rwanda, et figure majeure du génocide de 1994, Ladislas Ntaganzwa, a été condamné jeudi par un tribunal de Nyakizu à la réclusion criminelle à perpétuité pour son rôle dans le génocide qui a fait près d’un million de morts, selon l’ONU.

Ladislas Ntaganzwa, arrêté en décembre 2015 dans l’est de la RD Congo après 19 années de cavale, a été reconnu coupable par la Chambre criminelle de la Haute Cour de Nyanza de cinq chefs d’accusation, dont « crime de génocide », « incitation à commettre le génocide », « crimes contre l’humanité », « meurtres » et « viols ».

Fermée aux public et médias en raison de la pandémie de Covid-19, l’audience a été diffusée via le réseau social Skype. Trois juges, un greffier ainsi que l’accusé et son avocat étaient présent dans la salle.

Ntaganzwa, qui était l’un des neuf accusés les plus recherchés par le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), a été remis le 20 mars 2016 au Comité de suivi des tribunaux pénaux de l’ONU par les autorités congolaises et conduit au Rwanda.

Selon l’acte d’accusation, Ladislas Ntaganzwa a participé à un plan visant à exterminer la population tutsie de sa commune Nyakizu entre la fin de 1990 et juillet 1994, à la formation et l’armement de milices extrémistes et à l’organisation et l’exécution de nombreux massacres.

Agé de 58 ans aujourd’hui, l’ex-président de la section locale du MRND, l’ancien parti unique, a été aussi poursuivi pour incitation directe et publique à commettre le génocide et planification de viols de femmes.

Le génocide commis au Rwanda à l’instigation du régime extrémiste hutu alors au pouvoir a débuté le soir du 6 avril 1994 au lendemain de l’assassinat du président rwandais Juvénal Habyarimana. Le 4 juillet, le Front patriotique rwandais (FPR) s’empare de Kigali, mettant fin au génocide.

Le 8 novembre 1994, l’ONU crée un Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) à Arusha en Tanzanie. En 1998, il prononce ses premières peines de réclusion à perpétuité. Ses décisions constituent la première reconnaissance du génocide contre la minorité tutsi rwandaise par la justice internationale.

Le « financier » présumé du génocide rwandais Félicien Kabuga a été arrêté en France le 16 mai dernier après 25 ans de cavale. Kabuga, qui résidait à Asnières-sur-Seine en région parisienne sous une fausse identité, est notamment accusé d’avoir créé les milices Interahamwe, principaux bras armés du génocide de 1994.