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Routes migratoires : L’Algérie maintient sa pression vers l’Espagne

Les routes migratoires reliant l’Algérie à l’Espagne demeurent actives, bien qu’une baisse relative des arrivées ait été constatée en 2024. Ces dernières années, la route algérienne s’est déplacée progressivement vers l’est, notamment en direction des îles Baléares et du littoral espagnol moins surveillé. Des milliers de migrants, principalement algériens, continuent de tenter leur chance en traversant la Méditerranée à bord d’embarcations souvent surchargées et exposées à des risques considérables.

Depuis 2022, la tendance est claire : la route migratoire algérienne s’est intensifiée et s’est orientée de plus en plus vers l’est, avec une concentration vers les îles Baléares. Cette zone, moins surveillée que d’autres parties de la péninsule ibérique, voit de plus en plus d’arrivées. Le 29 décembre 2024, 18 migrants ont atteint l’île de Formentera, avant d’être rejoints quelques heures plus tard par 74 autres arrivants dans trois embarcations distinctes.

D’après le Rapport sur la Sécurité Nationale 2024, publié par le Département de la sécurité nationale espagnol (DSN), 12 038 migrants ont pris la mer depuis les côtes algériennes en direction de l’Espagne en 2024. Bien que ce chiffre marque un recul par rapport aux années précédentes, l’Algérie reste un acteur central de la géopolitique migratoire régionale. Sa position stratégique, à la croisée des routes traditionnelles de l’Afrique subsaharienne, en fait un point de départ incontournable pour les migrants cherchant à rejoindre l’Europe.

Les routes migratoires passant par le Niger ont également retrouvé de l’importance. Agadez, un carrefour clé pour les migrants en provenance du Sahel, voit un nombre croissant de Maliens, Nigériens et Tchadiens transiter par le sud de l’Algérie avant de tenter la traversée vers l’Europe via la Méditerranée occidentale.

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L’agence de presse espagnole EFE rapporte que 5 924 migrants sont arrivés aux Baléares en 2024, contre 2 278 l’année précédente, soit près de trois fois plus qu’en 2022. Bien que la route méditerranéenne occidentale, partant du Maroc et de l’Algérie, ait enregistré une baisse de 6 % par rapport à l’année précédente, le DSN continue de considérer l’Algérie comme un point de départ sensible et stratégique pour la migration vers l’Espagne.

Les conditions sur cette route demeurent dramatiques. En 2024, au moins 517 personnes ont perdu la vie en tentant la traversée depuis l’Algérie, un chiffre en nette augmentation par rapport aux 464 décès enregistrés en 2022 et aux 191 de 2021. En outre, 26 embarcations ont disparu en mer, avec tous leurs passagers, faisant de cette route la deuxième plus meurtrière pour l’Espagne, après celle des Canaries, selon l’organisation Caminando Fronteras, qui œuvre pour la protection des droits des migrants.

Ce phénomène migratoire est largement influencé par les conditions socio-économiques internes en Algérie. Un taux de chômage élevé chez les jeunes, des perspectives économiques limitées et un sentiment croissant de désillusion poussent de nombreuses personnes à tenter leur chance en Europe. Par ailleurs, la surveillance des côtes algériennes reste complexe en raison de l’étendue du littoral et de la diversité des réseaux de passeurs.

L’Union Européenne a renforcé sa coopération avec l’Algérie pour mieux contrôler les frontières, mais les résultats restent insuffisants face à la résilience des routes migratoires informelles. La militarisation croissante de ces axes et les accords de réadmission ont également soulevé des critiques sur le respect des droits humains et le traitement réservé aux migrants.

Malgré ces efforts, les routes migratoires algériennes vers l’Espagne continuent de représenter un défi majeur pour la sécurité et les droits des migrants, mais aussi pour les autorités chargées de gérer ce phénomène complexe.

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