Alors que l’administration américaine relance son projet d’expulsion des migrants en situation irrégulière, plusieurs pays africains sont sollicités pour accueillir certains des ressortissants expulsés. Parmi eux, la Guinée équatoriale a récemment confirmé avoir été approchée par Washington pour envisager l’accueil de migrants africains refoulés du territoire américain.
Le vice-président de la Guinée équatoriale, Teodoro Nguema Obiang Mangue, a reconnu mercredi soir, via son compte X, que des échanges avaient eu lieu à ce sujet avec les autorités américaines. « Je confirme qu’il y a eu une conversation dans laquelle les États-Unis ont exprimé leurs intentions, mais rien n’a abouti », a-t-il écrit, en réaction à une vague de rumeurs et d’articles de presse qui ont mis le pays en émoi.
À Malabo, capitale équato-guinéenne, la perspective de recevoir des migrants inconnus soulève des inquiétudes. Une partie de la population redoute que ces expulsés soient en fait des criminels, une crainte relayée sur les réseaux sociaux et dans certains médias locaux.
Le vice-président, qui détient également les portefeuilles de la Défense et de la Sécurité, a tenu à préciser que la Guinée équatoriale n’accepterait que des profils sélectionnés, en excluant toute personne ayant un casier judiciaire. En échange, le gouvernement équato-guinéen aurait demandé aux États-Unis un appui financier pour la réintégration des migrants, notamment la prise en charge de leur hébergement et le financement d’activités génératrices de revenus.
Lire aussi : Gaz naturel : levier de transition énergétique pragmatique pour l’Afrique
Le cas le plus médiatisé remonte à la mi-avril, lorsque plus de 200 Camerounais ont été expulsés de la Guinée équatoriale. Cette opération a provoqué un incident diplomatique majeur avec Yaoundé, qui a convoqué l’ambassadeur équato-guinéen pour lui signifier son « indignation et désapprobation ». En retour, Malabo a justifié ces mesures par la lutte contre la migration irrégulière.
Le Kenya, quant à lui, a adopté une position plus prudente. Face aux appels de Washington et de certains pays européens, Nairobi insiste sur le respect des droits humains et la souveraineté nationale dans tout accord de réadmission. Le gouvernement kenyan exige notamment que des garanties soient données quant à l’identité, aux antécédents et à la prise en charge post-expulsion des migrants concernés.
En ce qui concerne le Rwanda, un accord est en cours de négociation entre Washington et Kigali, dont le ministre des Affaires étrangères rwandais, M. Olivier Nduhungirehe a confirmé l’existence, lundi 5 mai, précisant que les pourparlers étaient pour l’heure à un stade préliminaire. Sous la présidence de Paul Kagame, de pareils accords d’accueil de migrants ont été en pourparlers avec le Royaume-Uni ou encore le Danemark.
D’ailleurs, l’administration américaine, sous l’impulsion de Donald Trump, cherche à mettre en œuvre sa promesse d’un vaste plan d’expulsion. Fin avril, les États-Unis ont déclaré être « activement » à la recherche de pays prêts à accueillir des migrants de pays tiers, notamment africains. Ce plan suscite des interrogations éthiques, et relance le débat sur la responsabilité partagée et la coopération internationale, alors que près de 600 millions d’Africains vivent déjà sans accès à des services de base, selon la Banque mondiale.