La tension diplomatique entre Paris et Alger pourrait bientôt franchir un nouveau seuil. La France envisagerait de geler les avoirs d’une vingtaine de hauts responsables algériens, dans le cadre d’une série de mesures de rétorsion en réponse à l’enlisement des relations bilatérales.
D’après une source gouvernementale citée par les médias, cette mesure, en préparation au sein de l’exécutif français, viserait à bloquer l’accès aux comptes bancaires, biens immobiliers et autres actifs financiers de personnalités algériennes occupant des postes de premier plan dans les sphères politique, administrative et sécuritaire.
Les ministères concernés — celui de l’Économie et de l’Intérieur — auraient déjà amorcé la constitution d’une liste de vingt individus ciblés. Ces derniers, selon la même source, « disposent d’intérêts financiers significatifs en France » et seraient représentatifs de l’élite politico-économique algérienne.
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Toujours selon les médias, plus de 800 membres de la nomenklatura algérienne — hors militaires — disposeraient de biens ou d’intérêts financiers dans l’Hexagone. Un chiffre qui souligne l’ampleur des liens patrimoniaux entre certaines élites algériennes et la France.
Inspirées du modèle appliqué aux oligarques russes après l’invasion de l’Ukraine, ces sanctions patrimoniales pourraient être déployées pour une durée initiale de six mois, renouvelable. Elles incluraient : le gel des comptes bancaires en France, l’interdiction d’accès ou la saisie temporaire des propriétés, et la restriction de l’exploitation de toute entreprise ou participation économique identifiée.
Une carte encore non dégainée
Toutefois, cette option ne serait activée qu’en cas d’escalade majeure dans les tensions actuelles. Le ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau, avait d’ailleurs évoqué dès janvier dernier l’idée de sanctions « patrimoniales » ciblées, soulignant qu’il s’agissait d’outils disponibles pour protéger les intérêts nationaux français face à des actes d’ingérence ou des menaces identifiées.
Il est important de noter que la législation française permet à ses ministres de geler les avoirs de toute personne considérée comme une menace à la sécurité nationale ou aux intérêts du pays, sans avoir à passer par les mécanismes européens. Cette indépendance réglementaire donne une latitude importante aux autorités françaises en matière de sanctions ciblées.
Néanmoins, la présence importante des élites algériennes en France — via leurs familles, leurs biens ou leurs affaires — en fait un levier particulièrement sensible. Reste à savoir si Paris franchira le pas.