Pandémie: Appel à une solidarité internationale en faveur de l’Afrique

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La Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, et le président de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP), Solomon Dersso, ont averti mercredi que des dizaines de millions de personnes pourraient se trouver démunies en Afrique en raison du COVID-19, plaidant pour une solidarité internationale avec les peuples et les gouvernements africains pour atténuer l’impact de la pandémie.

Bachelet et Dersso ont plaidé pour un accès équitable aux diagnostics, aux thérapies et aux vaccins contre le COVID-19. Ils ont également appelé les créanciers des pays africains à geler, restructurer ou alléger la dette des pays africains en cette période difficile.

A la date du 19 mai, la maladie avait touché les 54 États africains, infectant au moins 88.172 personnes. L’Afrique du Sud a enregistré le plus grand nombre de cas, avec au moins 16.433 cas. A la date du 19 mai, le nombre de morts sur le continent s’élevait à 2.834.

« Nous ne pouvons pas nous permettre de rester les bras croisés et espérer que cette maladie, la plus virale et meurtrière contourne l’Afrique, qui abrite de nombreux pays qui sont parmi les plus pauvres au monde et qui ne sont tout simplement pas en mesure de faire face à une telle pandémie », ont déclaré Bachelet et Dersso dans un communiqué conjoint.

« La vie et les moyens de subsistance de centaines de millions d’Africains sont en jeu non seulement en raison du COVID-19, mais surtout en raison des répercussions économiques des mesures de riposte au COVID-19 adoptées tant à l’échelle continentale qu’à l’échelle mondiale », ont-ils relevé.

La pauvreté, le manque de protection sociale, l’accès limité à l’eau, les mauvaises infrastructures d’assainissement, la charge des maladies préexistantes, les situations de conflit et les systèmes de santé surchargés et mal équipés créent un risque accru de propagation de la pandémie et ses conséquences potentiellement désastreuses sur la santé et la vie des populations, fait observer les deux responsables.

Pour Bachelet et Dersso, « cette crise sanitaire, ainsi que le fardeau de la dette du continent et de ses économies déjà fragiles, menacent d’épuiser davantage les réserves, de paralyser les programmes naissants de création d’emplois et de réduire à néant les progrès réalisés dans le développement social et les efforts d’industrialisation ».

Dans de nombreux pays, le coût de l’eau et des produits de base a grimpé en flèche, de nombreuses personnes étant confrontées à la faim en raison de la perturbation de l’accès aux produits alimentaires et au combustible utilisé pour la cuisine. Aggravant la détresse des populations, la récession dans la région se profile désormais pour la première fois depuis plus de 25 ans.

« C’est une question des droits de l’homme qu’il doit y avoir une solidarité internationale avec le peuple africain et les gouvernements africains, et la priorité devrait être accordée à investir davantage dans la santé, l’eau et l’assainissement, la protection sociale, l’emploi et les infrastructures durables pour garantir que personne ne soit laissée pour compte », ont-ils dit.

Bachelet et Dersso ont déclaré que même si les mesures visant à restreindre les mouvements et à accroître la distanciation sociale étaient essentielles dans la lutte contre le virus, elles avaient un impact dramatique sur les populations, en particulier celles qui dépendent du travail quotidien informel pour leur survie.

Ils ont également souligné l’importance de préserver la liberté d’association, d’opinion et d’expression et l’accès à l’information pendant cette période.

Bachelet et Dersso ont déclaré que le continent avait tiré des leçons de ses expériences passées dans la lutte contre des maladies telles que Ebola et le paludisme, et avait agi rapidement pour lutter contre la propagation du virus. Ils ont rappelé aux gouvernements africains que c’est un impératif juridique et une condition préalable au succès dans l’effort pour vaincre la pandémie qu’ils protègent les plus vulnérables et éradiquent les violations émergeant dans le contexte du COVID-19.