Au moins quinze civils ont été tués lundi soir dans une attaque attribuée au groupe État islamique en Afrique de l’Ouest (ISWAP), dans le village de Kwaple, situé dans l’État de Borno, au nord-est du Nigeria. Selon des témoignages recueillis par les médias, les assaillants, lourdement armés, ont surgi à moto vers 19 heures, ciblant une veillée funèbre organisée en hommage à un chef communautaire récemment décédé. Le carnage a été confirmé mardi par un responsable local et plusieurs habitants.
« Ce matin, quinze corps ont été retrouvés dans le village et dans les buissons environnants », a déclaré Ayuba Alamson, chef communautaire de la ville voisine de Chibok, située à cinq kilomètres de Kwaple. Le bilan pourrait encore s’alourdir, selon lui, certaines victimes ayant tenté de fuir à travers la brousse.
Cette attaque, d’une brutalité méthodique, illustre l’intensification des offensives menées par les factions djihadistes dans le nord-est du pays. L’ISWAP, dissidence de Boko Haram, multiplie les incursions meurtrières contre les populations civiles et les positions militaires, profitant de la porosité des zones frontalières et de la faiblesse logistique de l’armée nigériane dans les zones rurales reculées.
Depuis plusieurs semaines, les signaux d’une recrudescence de la violence sont patents : les États de Borno, d’Adamawa et de Yobe, tous dans la ceinture nord-est du Nigeria, subissent une pression renouvelée des groupes insurgés. À la faveur d’une réorganisation tactique et d’un enracinement local, les djihadistes opèrent de plus en plus fréquemment de nuit, ciblant des rassemblements civils et des axes stratégiques, en dépit des efforts militaires engagés par Abuja.
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L’État de Borno, berceau historique de Boko Haram, reste l’épicentre de cette insurrection djihadiste qui, depuis 2009, a coûté la vie à plus de 40 000 personnes et provoqué le déplacement de près de deux millions d’habitants. Malgré l’annonce répétée de victoires militaires par le gouvernement fédéral, la réalité sécuritaire sur le terrain dessine une spirale préoccupante d’instabilité chronique.
L’attaque de Kwaple survient dans un contexte où l’État nigérian cherche à relancer sa stratégie antiterroriste, notamment à travers un redéploiement militaire dans le nord-est, une coopération sécuritaire renforcée avec ses voisins sahéliens et une tentative de réintégration d’anciens combattants. Mais face à des groupes de plus en plus autonomes, fragmentés, et capables de mobiliser des ressources locales, la réponse sécuritaire peine à contenir la résurgence des violences.
Plus qu’un fait divers tragique, le massacre de Kwaple incarne une nouvelle séquence du conflit djihadiste au Nigeria : un affrontement asymétrique où l’absence de l’État dans certaines zones rurales ouvre la voie à l’enracinement des groupes extrémistes, dans une région où la terreur supplante encore trop souvent la paix.
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