Au moment où Rabat intensifie ses liens diplomatiques avec la région sahélienne, la décoration de l’ambassadeur marocain Allal Al Achab par les autorités nigériennes prend une résonance particulière. Élevé au rang de Commandeur de l’Ordre national du Mérite, mercredi 30 avril à Niamey, le diplomate marocain a été salué pour son rôle déterminant dans le renforcement d’un partenariat bilatéral que les deux capitales présentent comme exemplaire.
La cérémonie, présidée par le ministre nigérien des Affaires étrangères, Bakary Yaou Sangaré, s’est tenue en présence de représentants du gouvernement, de diplomates accrédités et de partenaires internationaux. Le chef de la diplomatie nigérienne a souligné, avec insistance, l’engagement de M. Al Achab pour une coopération Sud-Sud fondée sur la fidélité, la solidarité concrète et le respect mutuel. Un engagement qui s’est notamment illustré dans l’accompagnement actif du Maroc lors de la crise énergétique aiguë traversée par le Niger à la suite du coup d’État du 26 juillet 2023.
« La mise à disposition de groupes électrogènes par le Royaume, ainsi que la formation de techniciens nigériens, constituent un geste de solidarité décisif, à un moment où le pays faisait face à un isolement inédit », a rappelé M. Sangaré, évoquant l’impulsion personnelle du Roi Mohammed VI dans cette réponse d’urgence.
En poste depuis plus de huit ans, Allal Al Achab quitte Niamey fort d’un bilan diplomatique que les autorités nigériennes qualifient d’exceptionnel. Dans son allocution, le diplomate a fait part de son « émotion sincère » et d’un « profond attachement au Niger et à son peuple ». Il a également salué la qualité du dialogue bilatéral, tout en réaffirmant la volonté du Maroc de consolider ses liens avec le Sahel dans un esprit de partenariat durable.
Cette reconnaissance nigérienne intervient dans un contexte marqué par une recomposition accélérée des alliances régionales. La veille encore, le souverain marocain recevait à Rabat les ministres des Affaires étrangères de la Confédération des États du Sahel (AES), incluant le Niger, le Mali et le Burkina Faso, dans une séquence diplomatique à forte charge symbolique. Alors que ces pays sont engagés dans une rupture progressive avec l’ordre ouest-africain établi — et affichent une volonté croissante de diversifier leurs partenariats — Rabat apparaît comme un acteur de plus en plus central dans le jeu sahélien.
La distinction accordée à l’ambassadeur marocain dépasse ainsi le simple hommage protocolaire. Elle s’inscrit dans une dynamique stratégique où le Maroc, fort de sa doctrine de coopération Sud-Sud, cherche à tisser des alliances nouvelles avec les puissances émergentes du Sahel. Un repositionnement assumé, à l’heure où le Sahara et l’Afrique de l’Ouest s’imposent plus que jamais comme des fronts diplomatiques majeurs pour le Royaume.
