Après avoir été dominée depuis longtemps par le Maroc, la migration irrégulière vers l’Espagne est désormais majoritairement d’origine subsaharienne : 72 % des arrivées en 2024, contre 62 % en 2023. Notamment, la Mauritanie s’est imposée comme le principal point de départ des migrants irréguliers en direction des îles Canaries en 2024.
D’après les dernières données du Rapport sur la Sécurité Nationale 2024 publié par le Département de la sécurité nationale espagnol (DSN), plus de 25 000 personnes ont quitté la Mauritanie vers les côtes espagnoles, principalement via la route atlantique vers les îles Canaries. Ce chiffre dépasse à lui seul les départs combinés depuis le Maroc et l’Algérie.
Cette situation s’explique en partie par le déplacement des flux migratoires, causé par une fermeture partielle de la route méditerranéenne centrale, notamment en Libye et en Tunisie. En conséquence, la pression s’est reportée sur des pays côtiers comme la Mauritanie, le Sénégal ou encore la Gambie, transformés en plaques tournantes.
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Le pays accueille déjà des milliers de réfugiés maliens, notamment dans le camp de Mbera, près de la frontière. Cette pression migratoire interne, combinée à la transformation du pays en hub migratoire vers l’Europe, met à rude épreuve les capacités administratives et sécuritaires de l’État mauritanien.
Le gouvernement mauritanien a pourtant renforcé ses dispositifs de contrôle des frontières, avec le soutien de l’Union européenne, dans le cadre de partenariats en matière de gestion des migrations. Néanmoins, les effets de ces mesures restent à évaluer à moyen terme, selon le rapport du DSN.
Le rapport indique également la réactivation des routes migratoires via le Niger, avec un regain d’activité à Agadez, et une route algérienne toujours utilisée malgré un renforcement des contrôles.
Autre fait marquant : le profil des migrants change. Alors qu’ils étaient auparavant majoritairement originaires du Maghreb, 72 % des migrants arrivés en 2024 sont désormais issus de pays d’Afrique subsaharienne, contre 62 % en 2023. Cette tendance témoigne du rééquilibrage des routes migratoires au profit des zones sahéliennes.
Les autorités espagnoles et européennes s’inquiètent d’une intensification future de la pression migratoire, alimentée par la rareté des ressources, les conflits, et les manipulations géopolitiques.