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Maroc : Une mission nationale pour relever le défi du stress hydrique

Le Maroc se trouve face à une crise hydrique sans précédent, marquée par plus de six années successives de sécheresse et une baisse des apports annuels en eau. Dans ce contexte, la Direction de la recherche et de la planification de l’eau a lancé une mission stratégique à l’échelle nationale pour renforcer la planification et assurer la mise en œuvre des programmes de gestion intégrée des ressources, dans le cadre de la préparation de la stratégie nationale de l’eau à l’horizon 2050.

En 2024, les précipitations ont chuté de 75 % par rapport à la moyenne historique, tandis que le taux de remplissage des barrages est resté limité à 25 %. C’est ce qu’a révélé Nizar Baraka, ministre de l’Équipement et de l’Eau, le 12 mars 2025 à Rabat, en marge d’une session consacrée au thème : “Le stress hydrique au Maroc : comprendre et agir”. Selon lui, les apports annuels en eau, historiquement estimés à 22 milliards de m³, sont tombés à moins de 5 milliards de m³ au cours des dix dernières années. Cette situation impacte directement l’agriculture dont les périmètres irrigués sont passés de 1,8 million d’hectares à moins de 400.000 hectares. Les ressources destinées à l’irrigation n’atteignent plus que 700 millions de m³ alors qu’elles oscillaient entre 3,5 et 4 milliards de m³ en saison normale.

Face à ces indicateurs, la Direction de la recherche et de la planification de l’eau (DRPE) a engagé en septembre 2025 une mission stratégique nationale. Cette mission est matérialisée par le marché n°65/2025/DRPE, portant sur l’assistance technique pour la mise en œuvre de solutions durables de mobilisation et de gestion de l’eau. De plus, d’autres marchés ont été publiés par la DRPE, notamment le 67/2025/DRPE pour l’étude d’impact environnemental du barrage Bab Louta à Taza, le 69/2025/DRPE et le 70/2025/DRPE pour l’approvisionnement en eau potable dans les zones rurales de Berkane, Taourirt, Ouezzane et Guercif, ainsi que le 73/2025/DRPE pour la réhabilitation de latrines dans les provinces de Settat et Berrechid, publié sur le portail National des marchés publics du Maroc.

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En effet, cette mission s’inscrit dans le cadre du Programme national pour l’approvisionnement en eau potable et l’irrigation (PNAEPI 2020-2027). Initialement doté de 115,4 milliards de dirhams, ce programme a vu son budget porté à 143 milliards de dirhams en 2023. Son financement repose à 60% sur le budget général de l’État, à 39% sur les acteurs concernés et à 1% dans le cadre de partenariats publics-privés, selon les données du ministère de l’Économie et des Finances.

En effet, la stratégie nationale de l’eau prévoit, à l’horizon 2050, la construction de 60 grands barrages pour mobiliser 1,7 milliard de m³ par an, la réalisation de 1.000 petits barrages, le transfert annuel de 800 millions de m³ du Nord vers le Sud, la production de 400 millions de m³ d’eau dessalée et la réutilisation de 300 millions de m³ d’eaux usées épurées. Le dessalement occupe une place croissante dans cette stratégie.

En outre, la loi 36-15 sur l’eau, promulguée en 2016, constitue le cadre réglementaire de cette politique. Elle introduit la gestion intégrée des ressources, le renforcement du rôle des agences de bassins hydrauliques et l’intégration de ressources non conventionnelles comme les eaux usées traitées et le dessalement. Plusieurs textes d’application restent toutefois à finaliser pour permettre une mise en œuvre complète.

Par ailleurs, la Banque mondiale accompagne ce processus avec un programme de 350 millions de dollars destiné à soutenir le PNAEPI et le Plan national de l’eau 2020-2050. Ce financement est structuré autour de la gouvernance, de la viabilité financière et de l’intégration des ressources non conventionnelles.

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