Un colonel malgache a déclaré, mardi à Antananarivo, que l’armée prenait le pouvoir et dissolvait toutes les institutions, à l’exception de l’Assemblée nationale, qui avait voté plus tôt la destitution du président Andry Rajoelina.
« On va prendre le pouvoir à partir d’aujourd’hui et on dissout le Sénat et la Haute cour constitutionnelle. L’Assemblée nationale, on la laisse continuer à travailler », a affirmé le colonel Michael Randrianirina devant le palais présidentiel dans le centre de la capitale.
Plus tôt dans la journée, la présidence de la République a publié sur sa page officielle Facebook un décret « portant dissolution de l’Assemblée nationale » et un autre décret portant nomination d’une Conseillère Spéciale « en charge des relations avec les institutions ».
En réaction au vote de la destitution de M. Rajoelina, les services de la présidence ont estimé que la réunion de l’Assemblée nationale est « dépourvue de toute base légale et contraire aux dispositions de la Constitution », assurant qu’une délibération ou décision émanant d’une réunion organisée en violation des dispositions constitutionnelles « est réputée nulle et non avenue ».
Lire aussi : Madagascar : l’Union africaine s’implique dans la crise politique
La présidence de la République, poursuit la même source, appelle « l’ensemble des responsables politiques et institutions à respecter l’ordre constitutionnel, à préserver la stabilité nationale et à faire preuve de sens de responsabilités dans cette période essentielle pour la démocratie malagasy ».
Ces développements interviennent au lendemain du discours que M. Rajoelina (51 ans) a adressé à la nation dans lequel il a affirmé être dans « un lieu sûr », en raison de menaces contre sa vie.
Le Madagascar est secoué depuis le 25 septembre par un mouvement de contestation qui, dénonçant au départ les coupures incessantes d’eau et d’électricité, s’est mué depuis en une contestation plus large.
M. Rajoelina semblait isolé après avoir perdu le soutien du CAPSAT, une unité d’élite qui l’avait aidé à prendre le pouvoir lors du coup d’État de 2009.
Cette unité avait rejoint les manifestants durant le week-end, annonçant qu’elle refuserait de tirer sur eux et escortant des milliers de manifestants sur la place principale de la capitale. La gendarmerie et la police paramilitaires ont également rompu avec M. Rajoelina.
Au moins 22 personnes ont été tuées au début des manifestations et plus d’une centaine de blessées, d’après un bilan des Nations unies, un chiffre que conteste le chef de l’État, estimant les « pertes de vies » à 12, tous « des pilleurs, des casseurs » selon lui.