Selon le dernier rapport de la Matrice de suivi des déplacements (DTM) publié par l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), la Libye comptait plus de 858.604 migrants en janvier-février 2025, marquant une augmentation significative de 4 % par rapport aux 824.131 migrants recensés fin 2024. Cette tendance illustre une fois de plus le rôle central et complexe de la Libye dans les dynamiques migratoires africaines, à la fois comme pays de destination temporaire et zone de transit vers l’Europe.
Les migrants présents dans le pays proviennent de 46 nationalités différentes, mais quatre d’entre elles composent à elles seules 83 % de la population migrante. Le Soudan arrive en tête avec un taux de 31 %, suivi du Niger (22 %), de l’Égypte (20 %), et du Tchad (10 %).
La montée en flèche du nombre de ressortissants soudanais s’explique en grande partie par le conflit armé persistant au Soudan, qui a déplacé des centaines de milliers de civils. Beaucoup d’entre eux cherchent un refuge temporaire en Libye, dans l’espoir d’une vie meilleure ou d’un passage vers l’Europe.
La région ouest de la Libye concentre à elle seule 52 % des migrants, notamment en raison de la relative stabilité de la zone et des opportunités dans les secteurs du bâtiment et de l’industrie manufacturière. L’est du pays accueille 35 % des migrants, tandis que les principales agglomérations côtières – Tripoli (15 %), Misurata (10 %) et Benghazi (10 %) – concentrent l’essentiel des flux humains.
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Néanmoins, malgré les perspectives économiques apparentes, les conditions de travail sont souvent précaires. Selon l’OIM, seulement 2 % des travailleurs migrants bénéficient d’un contrat écrit, tandis que plus de 51 % exercent sous des accords informels ou temporaires. Parmi les difficultés les plus fréquemment rapportées figurent l’absence de sécurité de l’emploi, les retards de paiement et les salaires inférieurs à ceux initialement convenus.
Selon les données de l’OIM, les hommes représentent 78 % des migrants, contre 22 % pour les femmes et les enfants. Ce dernier groupe est particulièrement vulnérable. En effet, plus de la moitié des femmes migrantes sont à la recherche d’un emploi, contre 21 % des hommes – preuve d’un déséquilibre prononcé et de barrières accrues à l’insertion professionnelle pour les femmes.
Du côté des enfants, la situation éducative est alarmante : 65 % des enfants migrants en âge scolaire ne sont pas scolarisés. Le coût économique de l’éducation qui dépasse les 80 %, le manque de documents administratifs (65 %), la mauvaise intégration communautaire (42 %) et les barrières linguistiques (20 %), sont les principales causes de cette situation.
De plus, l’accès aux services de santé reste largement insuffisant, avec 76 % des migrants privés de soins. Les principaux obstacles sont le coût prohibitif des traitements, la qualité défaillante des infrastructures sanitaires et la discrimination dans l’accès aux services publics.
Sur le plan sécuritaire, la Méditerranée centrale reste la route migratoire la plus meurtrière. Rien qu’au cours des deux premiers mois de 2025, 260 personnes sont mortes ou portées disparues. Si ce chiffre est en baisse par rapport aux 377 décès enregistrés sur la même période en 2024, le danger reste omniprésent.
Malgré cette situation, l’afflux vers l’Europe se poursuit, avec 6.808 arrivées de migrants par mer en Italie début 2025, soit une augmentation de 33 % par rapport à la même période l’année précédente.