Les plus grands pollueurs d’Afrique du Sud ont travaillé sans relâche au cours des deux dernières décennies pour faire dérailler une réponse politique climatique efficace du gouvernement, révèle vendredi un rapport d’un groupe indépendant.
L’Afrique du Sud, un pays extrêmement dépendant du charbon pour sa production d’énergie, figure au quatorzième rang des pays les plus pollueurs de la planète, selon Greenpeace.
Dans un document explosif, l’organisation Just Share expose en détail l’historique des 20 ans d’interventions de l’industrie dans les processus de réglementation climatique et se concentre sur la loi sur la taxe sur le carbone et la loi sur le changement climatique, qui sont toutes deux fondamentales pour la réponse climatique de l’Afrique du Sud.
«Des études effectuées au cours des cinq dernières années ont fortement révélé que les entreprises influençaient l’évolution de la politique climatique du pays», a déclaré Emma Schuster, analyste principale des risques climatiques chez l’organisation, lors du lancement du rapport.
Elle a démontré comment les interventions de l’industrie, principalement des grandes entreprises polluantes, ont permis d’obtenir des concessions réglementaires importantes et des retards considérables, qui ont «considérablement compromis» l’efficacité de la loi sur la taxe carbone et de la loi sur le changement climatique.
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Il avertit que cela menace de rendre l’Afrique du Sud très vulnérable du point de vue économique et environnemental et en déphasage par rapport aux efforts mondiaux visant à atténuer le changement climatique.
Les grands pollueurs, qui disposent de puissants incitatifs financiers pour maintenir le statu quo, résistent inévitablement à la réglementation visant à les forcer à internaliser les coûts sociaux et économiques de leurs opérations, des coûts qui sont souvent supportés par le reste de la société, en particulier les plus pauvres et les plus vulnérables, explique la même source. Elle estime de même que le gouvernement se doit de rester ferme face à une telle résistance et d’élaborer une réglementation efficace qui remédie à cette profonde injustice.
Le rapport conclut que «les acteurs corporatifs responsables de la résistance à la réglementation climatique n’agissent pas dans l’intérêt de la majorité des Sud-africains, mais représentent plutôt un ensemble restreint d’intérêts particuliers de l’élite».