Les pays africains ont besoin d’un système de coopération véritable et d’interdépendance dans la complémentarité

Par François PASSEMA ENDJIAGO : Président du CA.CD.CA (Comité d’Action pour la Conquête de la Démocratie en Centrafrique

La Pandémie du coronavirus qui sévit à travers le monde, en cette année 2020, n’épargne pas le continent africain où le premier cas est apparu, en février, en Egypte. Le Maroc a connu son premier cas le 2 mars à Casablanca, s’agissant d’un Marocain en provenance d’Italie.

Les premiers cas en Tunisie comme en République centrafricaine sont des personnes revenant d’Italie également.

Avec une population beaucoup plus jeune, 95% des Africains ont moins de 65 ans, l’Afrique compte beaucoup moins de cas de coronavirus que les autres continents. La médiocrité des systèmes de santé de la plupart des pays africains pourrait nuire gravement au continent. C’est le cas de la République centrafricaine où les structures sanitaires quasi inexistantes ne pourraient pas faire face à un nombre important de cas de Covid-19.

Selon le Centre pour la prévention et le contrôle des maladies de l’Union Africaine, sur un peu plus de 33.273 cas enregistrés au 28 avril, le Covid-19 a coûté la vie à plus de 1.467 personnes sur le continent et 10.091 malades en sont guéris.

L’Afrique doit donc trouver des solutions à la menace sanitaire que constitue cette pandémie du coronavirus et mettre également au point des réponses pour le traitement des conséquences de la pandémie ensuite.

Les mesures «curatives» contre le Covid-19

Les autorités des différents pays africains ont pris des mesures de confinement total ou partiel pour endiguer la propagation de la pandémie. Certains pays, comme la Tanzanie, qui ont tardé à le faire, ont connu une propagation rapide de la pandémie sur leur territoire.

Le gouvernement marocain par contre a décidé de fermer très tôt ses frontières, faisant figure d’exemple sur le continent africain, pris des mesures sociales et adapté les usines de textiles pour fabriquer des millions de masques. Le gel hydroalcoolique est produit sur place. Le pays a mis au point un respirateur artificiel «100% marocain» dont plusieurs milliers sont en cours de fabrication.

En outre, l’État marocain a décidé de soigner ses malades du Covid-19 avec de la chloroquine et l’hydroxychloroquine rachetant l’intégralité du stock de Nivaquine de l’usine Sanofi de Casablanca. Cette molécule vieille de plusieurs décennies est largement utilisée en Afrique. Les populations africaines qui peuvent s’en procurer l’utilisent pour se soigner et s’en sortent bien.

Les autres pays africains pourront ainsi se procurer, sur place, sur le continent africain, les produits et les matériels indispensables, fabriqués au Maroc, évitant d’attendre la livraison de produits lointains dont l’acheminement, sur de très longues distances, n’est pas toujours écologique.

La pandémie du coronavirus remet en cause le système économique et social régissant le monde dans ses expression de «mondialisation» et de «globalisation» ; Un système de concurrence et de compétition agressives qui tourne le dos à la Coopération ;

Un système qui prône la disparition des frontières, la destruction des services publics, la contestation du rôle des Etats qui sont, en réalité, les peuples organisés en services publics, appelés à répondre aux besoins des gens et satisfaisant l’intérêt général. L’Union Européenne, impuissante, a laissé ses différents pays membres se débrouiller, chacun seul, de son côté, comme des enfants en colonie de vacances et sans surveillance dans une nature infectée de virus mortels. Des Etats, amis de façade, se sont comportés comme des malfrats détournant des cargaisons de matériels destinés à leurs soi-disant amis. Les Américains s’emparent, sur un aéroport chinois, de cargaisons de matériels achetés par la France, qui de son côté met la main sur une partie de matériels destinés à la Suède et transitant sur son territoire.

Bref, les pays africains doivent se rendre compte que ce n’est pas le système qui leur faut pour mener leurs peuples vers des jours heureux. Mais plutôt un système de coopération véritable, d’entraide, de solidarité et d’interdépendance dans la complémentarité. L’industrialisation de l’ensemble des

pays africains aurait permis une production suffisante en un temps raisonnable pour répondre à la demande nécessaire à la situation créée par cette pandémie. Les Africains auraient épargné aux pays occidentaux, virtuellement développés, de se passer de ces agissements déshonorant de raquetteurs des produits et matériels destinés à d’autres.

Les pays où l’Etat est présent et conserve encore toutes ses prérogatives ont montré qu’il est possible de faire face à toute situation avec les conséquences qui en découlent.

Conséquences économiques et sociales

Comme le reste du monde, les pays africains vont devoir faire face aux conséquences de cette pandémie. La situation ne sera plus comme avant. Economiquement, la production des biens sera impactée par l’arrêt des livraisons pendant la crise. Des entreprises qui ne pourront plus livrer ou recevoir des commandes suite à la faillite des sociétés partenaires se trouveront en grande difficulté et celles qui seraient en cessation de paiement contribueraient à une augmentation du chômage en licenciant leurs personnels. L’insuffisance financière des Etats africains ne permettra pas à ces entreprises de compter sur des aides publiques comme ailleurs. C’est là que les institutions financières africaines doivent mettre en œuvre sans trop attendre des stratégies de sortie de crise pour éviter que les difficultés économiques ne puissent engendrer des conséquences sociales qui risquent d’être difficilement maîtrisées par les gouvernements.

Sortis du confinement, les Africains doivent satisfaire leurs besoins alimentaires et autres. Il n’est pas exclu qu’ils expriment vivement leur impatience face à des gouvernants qui ne l’auraient pas anticipé. Il faudrait des mesures d’assistance aux populations démunies.

La pandémie du coronavirus n’a pas arrêté les attaques et assassinats de populations civiles par des groupes criminels malgré la présence des forces des Nations unies dans les régions des pays africains concernés. Dans des régions de la République démocratique du Congo et de la République centrafricaine, des massacres sont perpétrés, pendant que les pays font face au Covid-19. La faim ajoutée à l’insécurité ne sont pas des situations dont la recherche de solutions doit être remise à plus tard.

Pendant cette pandémie, les Africains ont eu recours à la médecine traditionnelle, pour guérir des malades du Covid-19 et se soigner. Cette médecine doit être prise en considération, encadrée et développée. Les plantes à partir desquelles les molécules sont fabriquées par la médecine dite moderne se trouvent toutes en Afrique. Une industrie pharmaceutique africaine, produit d’une coopération utilisant les éléments naturels présents en Afrique apporterait une solution adéquate aux problèmes de santé auxquels se trouve confronté le continent.